A l'instar des autres wilayas du pays, l'opération de grand nettoyage auquel a appelé la ministre de l'Environnement a eu un écho des plus favorables au niveau de la wilaya de Bouira. Ainsi, outre les opérations engagées par les citoyens au niveau des cités et dans les villages, les autorités de la wilaya ont ciblé comme première commune, dans le cadre de la grande opération de nettoyage qui touchera l'ensemble des 45 communes de la wilaya, Raouraoua, la commune par qui le choléra est arrivé. Et plus exactement depuis le village de M'rabhia qui a enregistré ce premier foyer et qui a touché une famille avec deux décès et trois cas confirmés. Un village qui manque de tout. Un village comme il en existe partout ailleurs, c'est-à-dire démuni et dépourvu de commodités comme les routes, l'assainissement, et la collecte des déchets ménagers. Ainsi, jeudi, tous les moyens matériels et humains de la daïra de Bir-Ghbalou de laquelle relève la commune de Raouraoua, à 40 kilomètres au sud de Bouira, ont été mis à disposition de cette commune : des agents et les moyens de la Direction de l'environnement de la wilaya, ceux des services agricoles, des ressources en eau, de l'ONA, de l'ADE, et tant d'autres, pour nettoyer et dégager les détritus, curer les avaloirs, nettoyer les cours d'eau et les différents fossés des routes, brûler les mauvaises herbes, sont autant d'opérations menées pendant toute la journée de jeudi. Il faut rappeler que dans cette opération fort louable, même les villageois ont été de la partie, puisque les enfants ont été partout mis à contribution pour aider les agents communaux et ceux des directions de la wilaya, pour nettoyer les espaces publics et donner une image des plus propres aux villages. La même opération a été menée pendant cette journée de jeudi, au chef-lieu communal de Raouraoua ainsi qu'à travers les autres villages de la commune. Cependant, cette opération aurait été d'un grand bénéfice et maintenue pendant longtemps si les élus de la commune s'étaient entendus. En effet, Raouraoua et de Taghzout sont les deux seules communes dont les assemblées élues sont gelées par décision du wali après un blocage qui aura duré près d'une année. Aujourd'hui, les deux communes sont gérées par les chefs de daïra de Bir-Ghbalou pour Raouraoua et Haïzer pour la commune de Taghzout. Résultat, malgré toutes ces opérations menées jeudi, l'absence d'une assemblée élue influera négativement puisque sans la présence des élus sur place, le chef de daïra ne pourra jamais maintenir la mobilisation citoyenne pour longtemps, à moins que cette épidémie de choléra, qui a fait sortir la commune de l'anonymat de manière négative, interpelle les consciences ... Par ailleurs, outre ces opérations de nettoyage décidées pour éradiquer tous les foyers susceptibles d'être la cause de propagation de ces maladies moyenâgeuses, les éléments de la Gendarmerie nationale ont été mobilisés pour mener des enquêtes sur le terrain concernant l'irrigation des champs avec des eaux usées. Dans ce cadre d'ailleurs, nous avons appris que les éléments de la Gendarmerie nationale ont procédé jeudi à la saisie de 6 pompes à eau destinées à irriguer des cultures à partir des eaux usées au village Chaïba dans la commune de Aïn Hdjar et Douar-Draâ-Bourfia, dans la commune de Aïn Laloui. Outre ces opérations, les décharges sauvages ont été répertoriées par des éléments de la Gendarmerie nationale et ceux de l'environnement pour les nettoyer et déverser les déchets dans les CET, alors que des patrouilles de gendarmerie se sont multipliées pour interpeller tout individu en train de jeter des déchets dans un lieu non indiqué. En somme, autant de gestes et d'opérations menés ces derniers jours, alors que les membres de la cellule de suivi de l'évolution de l'épidémie du choléra, surtout le personnel médical au niveau des EPH, est toujours mobilisé pour accueillir toute personne ressentant le moindre mal, avec des symptômes proches de ceux du choléra, comme la diarrhée, les vomissements et autres maux de tête, afin de la prendre immédiatement en charge. D'après le Dr Malki du service prévention de la DSP, le slogan adopté en pareils cas, à savoir «Agir par excès que par défaut» trouve toute sa signification puisque, jusqu'à jeudi, toutes les structures sanitaires au niveau de la wilaya, et hormis les deux derniers cas suspects, hospitalisés et dont les résultats des tests se sont avérés négatifs, aucun nouveau cas n'a été enregistré depuis plusieurs jours. Reste maintenant le travail de sensibilisation quant aux bonnes habitudes et les bons gestes que le citoyen doit adopter dorénavant en termes d'hygiène alimentaire et même comportementale. Tant dans la maison qu'à l'extérieur et ce, afin que cette image hideuse que l'Algérien renvoie soit à jamais bannie. Si cette bataille engagée contre nos habitudes est gagnée, nous pourrons dire que cette épidémie du choléra qui a frappé le pays même d'une manière isolée aura eu du «mérite». Y. Y.