Le montant total des financements non conventionnels opérés jusqu'à juin dernier est évalué à 3585 milliards de dinars, soit un niveau identique à celui atteint en mars 2018. L'encours global des financements internes non conventionnels, soit les tirages issus de la «planche à billets» au profit du Trésor public, est resté stable à juin dernier, selon les derniers chiffres dévoilés en début de semaine par la Banque d'Algérie (BA). Dans sa note de conjoncture du premier semestre de l'année en cours, la Banque centrale, dont dépend désormais le financement monétaire des déficits du Trésor, indique en effet que le montant total des financements non conventionnels opérés jusqu'à juin dernier est évalué à 3585 milliards de dinars, soit un niveau identique à celui atteint en mars 2018. Après les tirages, pour le moins «inquiétants», de 2185 milliards de dinars, puis de 1400 milliards de dinars, opérés successivement entre fin 2017 et début 2018, «la planche à billets» marque ainsi un bref répit, en raison notamment de «l'amélioration de la trésorerie de l'Etat», nous expliquent des sources proches de la Banque centrale, tout en précisant que l'ampleur des financements non conventionnels à venir dépendra des niveaux des dépenses publiques prévues pour les exercices prochains et de l'évolution des prix du baril et des recettes à tirer de la fiscalité pétrolière. Mis en place pour une période de cinq ans, à compter de la fin de l'exercice écoulé, le dispositif «exceptionnel» du recours au financement interne non conventionnel devrait en définitive continuer à être sollicité à des rythmes importants pour monétiser les déficits publics au moins durant les deux années à venir. De fait, à moins d'un prix du baril de pétrole se stabilisant durablement à quelque 100 dollars ou plus, le rythme élevé auquel sont maintenues les dépenses de l'Etat et les déficits qui en découlent continueront à être couverts essentiellement par des recours à «la planche à billets», faute d'une épargne budgétaire suffisante, mais aussi et surtout d'une politique rationnelle d'allocation des ressources financières publiques. Pour l'année prochaine en tout cas, le projet de loi de finances (PLF-2019), adopté tout récemment en Conseil des ministres, prévoit un fort niveau de dépenses budgétaires, soit plus de 8550 milliards de dinars, pour un montant de recettes prévisionnelles de l'ordre de 6500 milliards de dinars, sur la base d'un prix de référence de pétrole de 50 dollars le baril. Aussi, le déficit du Trésor public pour l'année prochaine est attendu à un niveau très élevé de près de 2200 milliards de dinars, ce qui laisse redouter des recours encore importants aux financements non conventionnels pour en assurer la couverture, même si le prix du pétrole se maintient à des niveaux supérieurs aux projections prises en référence pour l'élaboration du projet de loi de finances. Porteur de risques évidents de dérives hyper-inflationnistes, le financement des déficits publics par «la planche à billets», tel que le prévoit d'ailleurs le dispositif réglementaire y afférent, est censé être exceptionnel, limité dans le temps et accompagné de réformes structurelles et budgétaires strictes pour rééquilibrer rapidement les finances de l'Etat. Des garde-fous qui semblent cependant mis en veille avec le retour observé actuellement aux politiques d'expansion budgétaire.