L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a lancé un appel direct à l'OPEP et à d'autres grands producteurs de pétrole afin d'accroître leur production, en avertissant que les prix élevés nuisent à l'économie mondiale. «Nous devrions tous voir la situation à risque, les marchés pétroliers entrent dans la zone rouge», a déclaré, hier, le directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol. Ce dernier, qui se place du point de vue des pays consommateurs, estime que «l'énergie onéreuse est de retour au mauvais moment, alors que l'économie mondiale est en perte de vitesse. Nous avons vraiment besoin de plus de pétrole». Alors que la production vénézuélienne est en chute libre et que les restrictions touchent les exportations iraniennes, le marché du pétrole entre dans la «zone rouge», au sens de l'AIE qui dit craindre pour la croissance mondiale. Les prix du pétrole ont atteint leur plus haut niveau en quatre ans, dépassant 85 dollars le baril à Londres plus tôt ce mois-ci, le marché craignant que les sanctions américaines sur le brut iranien, associées à des pertes d'approvisionnement chroniques au Venezuela, ne conduisent à une pénurie. Certains acteurs du marché craignent également que l'Arabie Saoudite, le plus grand membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), n'agisse pas assez vite – ou manque peut-être de capacités – pour combler toute insuffisance de brut. Hier, la tempête Michael aux Etats-Unis a encore gonflé les prix, provoquant la fermeture de certains gisements de pétrole dans le golfe du Mexique et menaçant de toucher la Floride comme un ouragan majeur. Selon L'AIE citée par Bloomberg, les économies émergentes, notamment l'Inde, sont les premières victimes de la hausse des prix de l'énergie, qui survient alors que ces pays luttent déjà contre la dépréciation de la monnaie et les retombées des conflits commerciaux. «S'il n'y a pas de changement majeur de la part des producteurs clés, le quatrième trimestre de cette année sera très, très difficile», a déclaré Birol. «La demande est toujours très forte alors que nous perdons beaucoup de pétrole en provenance du Venezuela et de l'Iran.» La production pétrolière vénézuélienne pourrait chuter sous très peu d'un million de barils par jour, selon l'AIE. Les exportations iraniennes ont chuté plus rapidement que prévu dans la plupart des entreprises du secteur, de nombreux acheteurs importants ayant stoppé leurs achats avant même que les sanctions américaines ne soient appliquées en novembre. Pour combler cet écart et refroidir la hausse des prix, l'Arabie Saoudite a augmenté sa production à des niveaux presque record, en pompant 10,7 millions de barils de brut par jour. La production saoudienne se rapproche de niveaux sans précédent, mais aucune certitude n'est possible quant à l'offre supplémentaire que le pays pourra fournir. Les Saoudiens peuvent encore augmenter et atteindre 11 millions de barils par jour, a déclaré Birol, ajoutant qu'il était convaincu que le royaume agirait de manière responsable. L'AIE n'envisage pas actuellement d'utiliser ses réserves de pétrole d'urgence, a-t-il ajouté. «Nous devrions essayer de réconforter les marchés tous ensemble», a déclaré Birol. «C'est peut-être une mauvaise nouvelle pour les consommateurs, les importateurs d'aujourd'hui, mais je pense que cela pourrait très bien être une mauvaise nouvelle pour les producteurs de demain», estime encore le chef de l'AIE.