Pour sa première conférence de presse, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Saïd Barkat, a promis de « sévir » pour améliorer le secteur de la santé et la prise en charge des malades. Pour lui, beaucoup de choses restent à faire et c'est avec la collaboration des professionnels que leur réalisation est possible. Son discours oscillant entre menaces et éloges aux médecins algériens était dirigé principalement aux praticiens. « Nous avons mis les moyens nécessaires, que ce soit en équipements, en médicaments et en infrastructures », a-t-il déclaré à l'issue de la visite des services réceptionnés suite à leur rénovation, notamment ceux de la chirurgie thoracique et des urgences de traumatologie de l'hôpital Mustapha Bacha mercredi dernier. Saïd Barkat a estimé que les réformes du secteur doivent se poursuivre pour « mettre de l'ordre dans la profession ». Il a insisté sur le volet formation qui constitue, selon lui, un élément essentiel dans le développement du secteur. « J'ai donné des instructions pour que les professeurs, les chefs de service, les maîtres assistants et les étudiants puissent assister à des conférences et débats, même s'ils sont organisés en Chine. Il faut que nos professionnels regardent vers l'horizon », a-t-il signalé avant de demander aux professeurs de former davantage de spécialistes dans les différents services. Pour M. Barkat, les équipes étrangères de médecins sont les bienvenues en Algérie, mais à condition qu'elles apportent un plus. « Le ministère de la Santé n'acceptera aucun médecin étranger avant d'être audité. Des ophtalmologues, avec deux années d'études, sont venus faire la greffe de la cornée en Algérie. Les Algériens ne sont pas des cobayes », a-t-il signifié, allusion faite sans doute aux médecins cubains. Concernant la prise en charge des malades, le ministre de la Santé a annoncé l'ouverture de salles de soins dans les différents quartiers, afin de soulager les CHU, qui, aujourd'hui, explosent selon lui. « Nous allons recruter des médecins et des paramédicaux qui ont été formés pour un meilleur accueil du citoyen », a-t-il ajouté. Interrogé sur la contractualisation des hôpitaux, M. Barkat rassure qu'elle sera effective avant la fin de l'année 2009. « Nous sommes en train de mettre de l'ordre dans les bureaux des entrées dans les établissements et les autres aspects seront aussi pris en charge », a-t-il souligné. A propos de l'hygiène hospitalière, le ministre de la Santé a réitéré sa menace : « Tout le monde sera sanctionné, y compris moi-même », a-t-il indiqué. « Je vais sévir », a-t-il averti que ce soit dans le secteur public ou privé. A propos de l'activité complémentaire pratiquée par les médecins du public dans le privé, M. Barkat entend porter une révision de la décision réglementaire, mais en collaboration avec les professionnels. « Nous allons entamer des discussions avec les intéressés, afin de trouver des solutions », a-t-il dit . A la question relative aux dérogations accordées aux importateurs pour des médicaments interdits à l'importation, M. Barkat ne dément pas l'information, mais souligne que des listes additives seront établies. Et tant que des produits sont fabriqués localement, ils seront interdits à l'importation. « La décision est irréversible. Depuis que nous avons annoncé cette interdiction, l'Algérie a gagné 200 millions d'euros », a-t-il déclaré en signalant qu'une rencontre avec les opérateurs en pharmacie importateurs et producteurs est prévue pour le 5 février prochain au ministère de la Santé.