M. Barkat a rapporté, hier, le fait que des patients étaient contraints de sortir au balcon pour faire leurs besoins, les sanitaires étant fermés pour des problèmes de plomberie ! C'est à se demander à quoi ont servi jusqu'ici les milliards de dinars officiellement mobilisés pour «améliorer» la situation dans les établissements hospitaliers où la saleté, le délabrement et le laisser-aller règnent en maître. «Dans un service d'urologie, des personnes d'un certain âge, souffrant de problèmes de prostate étaient contraintes de sortir au balcon pour se soulager, les sanitaires étant fermés pour des problèmes de plomberie.» C'est la déclaration faite, hier, par Saïd Barkat, ministre de la Santé lors d'une conférence de presse animée au Centre hospitalo-universitaire (CHU) Mustapha-Pacha. Cet exemple a été cité par le ministre pour illustrer la situation déplorable de l'hygiène dans nos hôpitaux. Ce point noir du secteur a, en effet, été longuement commenté par le ministre qui rappelle à titre illustratif qu'une maladie nosocomiale revient, en moyenne, à 80 millions de centimes par malade. Pour remédier à cet état de fait, le premier responsable du secteur annonce la formation prochaine «de médecins en matière de contrôle de l'hygiène et des comportements des employés de ces structures». L'hygiène est certes une préoccupation de premier ordre, mais ce n'est pas la seule lacune à combler dans nos hôpitaux. Nos CHU doivent en effet être réorganisés, dit M. Barkat, qui relève la désertion des professeurs et assistants à partir d'une certaine heure et leur absence lors des permanences. Nos hôpitaux sont, par ailleurs, appelés à accommoder leurs services d'urgences qualifiés par Barkat «de vitrine de la santé» aux besoins du citoyen. Le ministre de la Santé a, par ailleurs, affirmé lors de sa première conférence de presse depuis son installation, que 46 structures hospitalières ont été réhabilitées à Alger dont 33 fonctionnent 24h sur 24 h en attendant de les doter de tous les moyens d'accompagnement nécessaires. Une formule sur laquelle le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière compte beaucoup pour désengorger les CHU. Ces derniers sont appelés à reprendre leur vocation première qui est celle de la recherche scientifique, de la formation et des soins de haute qualité. Le ministre a promis de doter toutes les salles de soins de proximité de «services de radiologie, de laboratoires et d'ambulances afin de rapprocher la santé du citoyen». Et c'est dans cette perspective, que Barkat ambitionne d'encadrer ces structures par des compétences résidant dans le même quartier. «Il faut humaniser les relations entre médecins et patients», argumente-t-il. L'opération va s'étendre à toutes les grandes villes, selon le ministre qui annonce, entre autres, le retour à la contractualisation et à la création de conventions entre les centres hospitaliers universitaires et les établissements hospitaliers de l'intérieur du pays. Il a appelé les professeurs et les maîtres assistants présents à former dans ce cadre le plus grand nombre de spécialistes dont l'Algérie profonde a besoin. «Tous les Algériens doivent être soignés au même niveau», a-t-il ajouté en rappelant l'importance de la décentralisation de la formation. «Cessons d'appeler réforme ce qui n'est en réalité que bricolage», dit le ministre. Avant d'animer sa conférence de presse, ce dernier avait effectué une visite d'inspection dans les services de l'hôpital.