L'impacte de la crise financière mondiale sur notre pays ne cesse d'alimenter les débats. Même si l'Algérie est en marge de l'univers financier mondiale et de ce fait, elle peut être à l'abri de ses retombées, les craintes sont d'un autre ordre. La récession économique mondiale, à travers la chute des prix du pétrole peut provoquer une dégringolade de tous les paramètres socioéconomique. C'est du moins ce qu'a indiqué, mercredi soir, à l'Insim, M. Camille Sari, spécialiste des questions financières et professeur à la Sorbonne, au sujet des retombées de la crise financière mondiale sur l'Algérie. En effet, Camille Sari a souligné qu'"il est vrai que l'Algérie n'est pas exposée à cette crise, du fait que le système bancaire et financier est isolé du reste du monde, mais cette situation ne doit pas constituer un prétexte pour geler les réformes notamment bancaires". Pour lui, si l'Algérie subit de plein fouet les effets de la récession née de la crise financière mondiale, c'est parce qu'elle est un pays mono exportateur. 98% des recettes d'exportation proviennent des hydrocarbures. De ce fait, "la chute des prix du pétrole fait craindre une dégringolade de tous les paramètres socio-économiques", a-t-il signalé. Cependant, Camille Sari ne voit pas cette donne comme une fatalité, étant donné que "l'Algérie recèle tant d'atouts pour y faire face". Selon notre interlocuteur, l'Algérie peut impulser une politique touristique dynamique, développer l'industrie agro-alimentaire et constitue des barrages afin d'atteindre non seulement le seuil de l'autosuffisance, mais devenir exportateur de produits transformés. Pour ce faire, le professeur plaide pour la formation des jeunes dans ces deux domaines. En outre, il propose, dans le même ordre d'idées, de créer deux fonds souverains. Un premier fonds souverain qui sera supervisé par des personnes qualifiées et indépendantes. Son objectif est d'investir dans de vrais secteurs productifs en Algérie, notamment, dans l'accompagnement des PME (industrie de transformation agroalimentaire par exemple et les industries de substitution aux importations). Les projets initiés et suivis par ce fonds "remplaceraient les capitaux qui viennent pomper les richesses locales sans apporter un savoir-faire ni un transfert de technologie", a-t-il précisé. Le second fonds souverain sera doté d'une enveloppe de 20 à 40 milliards de dollars. L'objectif de celui-ci est l'acquisitions d'entreprises étrangères stratégiques pour notre pays et qui permettraient d'avoir une influence sur leurs projets, des retombées sur l'économie algérienne, parce que ces entreprises sont aujourd'hui sous cotées, bradées. Il faut profiter de cette braderie. Les valeurs de ces fonds vont plus tard augmenter, voire même doubler. Outre la création de ces fonds, Camille Sari plaide également pour la création d'une union monétaire et financière ainsi qu'une zone de libre-échange au niveau du Maghreb tout en intégrant l'Egypte. Cette union, dira-t-il, "serait dotée d'une monnaie commune et non unique dans une première phase. Des mécanismes de compensation des flux financiers résultant des échanges intra maghrébins pourrant être institués. Ainsi ces pays pourront économiser des devises et faire croître leurs échanges". Abordant les vrais causes de la crise au niveau mondial, le professeur n'a pas hésité à mettre les Etats-Unis à l'index. En étant à l'origine de la crise financière, laquelle a engendré une crise socio-économique sous-jacente, secouant, à travers ses retombées, la stabilité économique mondiale, les Etats-Unis ont démontré, une fois de plus, la mauvaise conception des régulation financière et le grand laxisme qui a accompagné la mise en œuvre de l'économie de marché.