Entre les chiffres, exagérément optimistes, mais officiels, publiés par le gouvernement, et ceux, plus réalistes, que vient de rendre publics la Banque mondiale, il est difficile de déceler le bon son de cloche, bien qu'on soit tenté de croire ceux de l'institution transnationale, censée être plus impartiale dans ses calculs. La relance économique n'a pas eu lieu en cette année 2018 en voie d'achèvement et ne le sera sans doute pas en 2019. Il n'y a pourtant pas eu de réduction des dépenses publiques cette année et il n'y en aura pas l'année prochaine si on se réfère aux budgets prévus dans le projet de loi de finances pour l'année 2019. Clairement affirmées dans un très récent bulletin, les prévisions de la Banque mondiale sont en effet beaucoup moins optimistes que pouvaient le faire croire celles des autorités politiques algériennes. La croissance que prévoit cette institution financière transnationale pour l'année en cours n'est en effet que de 2,5%, bien loin des 4% sur lesquels comptait le gouvernement algérien. Le bulletin de la BIRD est en outre plus pessimiste sur le chiffre de la croissance pour les deux années à venir. Elle ne sera que de 2,3% en 2019 et encore plus faible (1,8%) en 2020. Plus optimiste il y a à peine deux années, la BIRD corrige ainsi à la baisse ses prévisions qu'elle avait tablées sur le maintien des dépenses publiques à un niveau très élevé en dépit de la crise financière. Une dépense publique de nature à stimuler le développement, mais qui, pour des raisons structurelles (mauvaise gouvernance, corruption, gaspillage, bureaucratie, etc.), n'a pas produit les effets de croissance escomptés. Les experts du FMI, qui suivent de près l'économie algérienne, ont adopté la même logique que la BIRD en se montrant d'abord optimistes (3% de croissance pour 2018 et 2,7% pour l'année 2019), mais, tout porte à croire que les chiffres qu'ils publieront prochainement seront revus à la baisse. Ces chiffres décevants portent malheureusement en eux les germes d'un désordre économique et social prononcé que les Algériens commenceront à subir plus fortement dès l'année en cours, avec un taux de chômage beaucoup plus élevé, un regain substantiel d'inflation et des pénuries. De quoi embraser encore davantage le front social, déjà fortement instable aujourd'hui. Il faut en effet savoir que le taux de chômage a allégrement dépassé les 12% en septembre 2018 et que eu égard aux faibles performances de l'économie de cette année et de celle qui va suivre, il est très probable que le taux de chômage, qui affectera surtout les jeunes, dépassera les 15%. De quoi réamorcer la pompe de l'extrême pauvreté qu'on observe déjà dans le monde rural, mais qui, à terme, n'épargnera sans doute pas les zones urbaines.