Le président américain, Barack Obama, a déjà entamé il y a plusieurs mois le dialogue avec l'Iran et la Syrie à un niveau élevé, mais très discrètement, par le biais d'experts de son équipe de transition, selon les organisations ayant supervisé ces contacts. Officiellement, les ouvertures de M. Obama vers Téhéran et Damas sont restées limitées depuis son arrivée à la Maison-Blanche : il s'est dit prêt à « tendre la main » à l'Iran, à condition que Téhéran « desserre le poing », tandis que sa secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, prévenait que le volet israélo-syrien du processus de paix n'avait pas la priorité. Mais, officieusement, et sans même attendre son élection, le président américain a largement utilisé ce que les spécialistes appellent la « deuxième voie » pour approcher les deux bêtes noires des Etats-Unis au Proche-Orient. Des experts en prolifération nucléaire ont eu des contacts « à très haut niveau » ces derniers mois avec des dirigeants iraniens, a indiqué Jeffrey Boutwell, directeur pour les Etats-Unis du groupe Pugwash, une organisation internationale de chercheurs qui a obtenu le prix Nobel de la paix en 1995. L'ancien secrétaire à la Défense, William Perry, qui figurait dans l'équipe de campagne de M. Obama, a participé à certaines de ces rencontres consacrées à « un vaste éventail de problèmes qui divisent l'Iran et l'Occident : non seulement le programme nucléaire (iranien) mais également le processus de paix au Proche-Orient ou les questions liées au Golfe », a déclaré M. Boutwell. Le responsable de Pugwash a refusé de préciser l'identité des autres participants, se bornant à indiquer qu'il s'agissait de « personnalités de très très haut rang aussi bien du milieu politique iranien que des Etats-Unis ». « Des gens qui ont un très bon accès aux plus hauts dirigeants de leur pays », a-t-il souligné. Selon le blog « The Cable » de la revue spécialisée Foreign Policy, le représentant permanent de l'Iran auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Ali Asghar Soltanieh, figurait parmi les participants aux « dialogues Pugwash ». Washington et Téhéran n'ont plus de relations diplomatiques depuis près de trente ans et s'opposent sur le dossier du programme nucléaire iranien, que Washington affirme destiné à des fins militaires, ce que Téhéran dément. Parallèlement, un groupe d'experts chapeauté par l'United states institute of peace (USIP), comprenant Ellen Laipson, ancienne conseillère de la Maison-Blanche sous Bill Clinton et membre de l'équipe de transition de M. Obama, a annoncé, jeudi, avoir été reçu pendant plus de deux heures par le président syrien, Bachar al Assad. « Il a dit que nous avons 70% d'intérêts communs potentiels et 30% qui ne le sont pas dans la région », a indiqué Bruce Jentleson, ancien conseiller en désarmement de l'ex-vice-président Al Gore, au cours d'une conférence de presse à l'USIP, un centre de recherche financé par le Congrès. Il a ajouté que le président syrien conseillait : « Travaillons sur les 70% en attendant de régler les 30%. » Lundi, Bachar al Assad a lui-même révélé que le dialogue avait « déjà commencé il y a quelques semaines d'une manière sérieuse ». Les Etats-Unis accusent la Syrie de soutenir des organisations « terroristes » comme le Hezbollah et le Hamas, de déstabiliser le Liban et de laisser transiter par son territoire des éléments armés pour combattre en Irak les forces de la coalition.