N'attendant pas son arrivée au bureau ovale, Barack Obama a entamé des contacts avec Téhéran et Damas il y a quelques mois par le biais des membres de son équipe dans le but d'établir un canal de dialogue avec ces pays classés dans l'“axe du mal” par George Bush. Bien que officieusement, “le président a dit clairement à l'équipe de transition qu'il n'y aurait pas de contacts avec des responsables de gouvernements étrangers pendant la transition”, selon un porte-parole du Conseil national de sécurité (NSC), Barack Obama a entamé, avant même son élection, il y a plusieurs mois, le dialogue avec l'Iran et la Syrie à un niveau élevé. Officieusement, Obama a largement utilisé ce que les spécialistes appellent la “deuxième voie” pour approcher les deux bêtes noires des Etats-Unis au Proche-Orient de façon très discrète, même si un haut responsable de l'Administration américaine a affirmé, sous le couvert de l'anonymat, que ces informations étaient “inexactes”. Il n'en demeure pas moins que des experts en prolifération nucléaire ont eu des contacts “à très haut niveau” ces derniers mois avec des dirigeants iraniens, a révélé Jeffrey Boutwell, directeur pour les Etats-Unis du groupe Pugwash, une organisation internationale de chercheurs qui a obtenu le prix Nobel de la Paix en 1995. Selon cette source, l'ex-secrétaire à la Défense William Perry, qui figurait dans l'équipe de campagne de M. Obama, a participé à certaines de ces rencontres consacrées à “un vaste éventail de problèmes qui divisent l'Iran et l'Occident : non seulement le programme nucléaire iranien mais également le processus de paix au Proche-Orient ou les questions liées aux Golfe”. Jeffrey Boutwell a refusé de préciser les identités des autres participants, se bornant à indiquer qu'il s'agissait de “personnalités de très très haut rang”. Par ailleurs, le blog The Cable, de la revue spécialisée Foreign Policy, indique que le représentant permanent de l'Iran auprès de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Ali Asghar Soltanieh, figurait parmi les participants aux Dialogues Pugwash. Le fait qu'un groupe d'experts chapeauté par l'United States Institute of Peace (USIP), comprenant Ellen Laipson, ancienne conseillère de la Maison-Blanche sous Bill Clinton et membre de l'équipe de transition de M. Obama, ait annoncé jeudi dernier avoir été reçu par le président syrien confirme que les contacts entre Washington et Damas remontaient à bien loin. D'ailleurs, le chef de l'Etat syrien a lui-même révélé que le dialogue avait “déjà commencé il y a quelques semaines d'une manière sérieuse”. “Des personnalités proches de l'administration ont été dépêchées pour parler avec la Syrie”, a également indiqué Bruce Jentleson, ancien conseiller en désarmement de l'ex-vice-président Al Gore, au cours d'une conférence de presse. Ceci étant, Washington accuse la Syrie de soutenir des organisations “terroristes” comme le Hezbollah et le Hamas, de déstabiliser le Liban et de laisser transiter par son territoire des éléments armés pour combattre en Irak. Merzak T./Agences