Jeudi dernier, la population d'El Kala était invitée par son maire à prendre connaissance des activités de l'APC en 2008. Une chose, tout compte fait, banale, mais qui a surpris un peu, tellement elle est devenue rare. Accompagné de son staff, le maire de la petite ville côtière, célèbre pour son corail et son parc national, a lu un bilan succinct, après avoir survolé l'historique de la ville pour finir ensuite avec les projets pour l'avenir. Ainsi, durant 2008, l'APC d'El Kala s'est prononcée sur 86 délibérations et a arrêté 480 décisions. Elle a délivré 270 000 documents de l'Etat civil et distribué 42 locaux commerciaux dans le cadre d'un des nombreux dispositifs à l'emploi des jeunes. Ceci pour le bilan. Les Kalis, ou Kalois, c'est selon, ont également appris que selon une étude du CENEAP de 2004, la population de toute la commune, agglomérations secondaires et zones éparses comprises, a atteint plus de 28 000 habitants, dont 60 % ont moins de 30 ans. Les statistiques font ressortir que 64% de ces derniers sont toujours célibataires à cause du chômage qui est de 21% pour la commune et du manque de logements. Par ailleurs, 87% de la population ont un revenu égal ou inférieur au SMIG. L'extrême pauvreté de la population, considérablement accentuée dans les zones rurales, est à l'origine de maux sociaux qui sont en pleine expansion et, tout particulièrement, les activités illicites, comme le pillage du corail et le trafic de drogue. La commune est, elle aussi, complètement démunie. En 2000, il y avait 260 employés communaux. Aujourd'hui, il n'y en plus que 200. Entre temps, la ville s'est étendue, en long et en large. Il y a 600 points pour la collecte de 20 tonnes quotidiennes (70 tonnes en été) d'ordures ménagères et 1 500 points lumineux à entretenir. C'est impossible avec les moyens actuels et les 120 millions de dinars de budget, dont 60 % sont incompressibles, puisque destinés aux salaires et autres rémunérations. « Il faut que l'on sache, une fois pour toute, qu'El Kala n'est pas un douar ; c'est une ville qui doit disposer des moyens les plus élémentaires pour sa gestion », a déclaré le P/APC. La ville est complètement déstructurée. Dans tous les sens. La prédation tous azimuts, qui a fortement imprégné le développement, notamment dans le foncier, a fait de la cité une « chose » difforme, sans organisation et sans âme. « Du bricolage et encore du bricolage, et pour camoufler le tout, toujours du bricolage », dira le maire, qui ajoute :« Il faut, en haut lieu, que l'on soit fixé, une fois pour toute, sur cette vitrine de l'Algérie. Il faut des programmes d'envergure et, surtout, solides et visionnaires pour la pêche, l'agriculture et le tourisme ». Il y a en préparation un PDAU qui prend en considération les extensions de la ville, avec la création d'un nouveau centre, lequel se trouvera sur les hauteurs. « On doit absolument le revoir pour mieux l'adapter à une vision d'ensemble régionale », dira encore le P/APC. Bien entendu, dans le débat, les préoccupations ont été plutôt terre à terre. Et ces chaussées défoncées qui font de la vie un enfer ? Et les tas d'immondices que le vent emporte avec ses miasmes pour les disséminer partout ? L'éclairage public défaillant, le souk asphyxié par les vendeurs à la sauvette ? Si l'on admet que pour faire d'El Kala une ville digne de ce nom, le travail qu'il y a à faire est immense et que les moyens font certes défaut, l'on n'en pense pas moins que les dissensions qui divisent l'APC ont une grande part dans la défaillance des services publics communaux.