Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) accuse le président Bouteflika et son pouvoir d'avoir fait des concessions aux puissances étrangères pour valider l'option du 5e mandat. «Les concessions faites aux puissances étrangères s'amplifient à la veille de la reconduction de l'actuel chef de l'Etat pour un 5e mandat, en violation de la souveraineté populaire», dénonce le parti. Dans un communiqué rendu public, hier, à l'issue de la réunion de son secrétariat national, le RCD cite des exemples de ces concessions «douteuses». «Un exemple édifiant est celui de la signature cette semaine de deux contrats d'investissement de gré à gré en vente directe d'une valeur totale de 100 millions d'euros entre la compagnie nationale des hydrocarbures et Air Products (Etats-Unis). Ce contrat est signé au détriment d'une offre d'un groupe allemand, leader mondial dans les gaz industriels, beaucoup moins onéreuse (62 millions d'euros) et qui, de plus, propose un partenariat dans le respect de la règle 51/49%», souligne la direction du RCD, qui fait le lien entre cet accord et la préparation du 5e mandat du chef de l'Etat. Pour la formation que préside Mohcine Belabbas, «la nouvelle loi sur les hydrocarbures, dont l'adoption est annoncée pour le lendemain de la présidentielle, semble suivre la même logique». Abordant l'actualité politique, la direction du RCD estime que «la défiance de l'autorité de l'Etat, l'émeute et la destruction de tous les corps de médiation sont les marques de l'ère Bouteflika depuis longtemps». «Les abus et les dérives institutionnelles symbolisés par l'instrumentalisation éhontée de la justice dans les règlements de comptes et le piétinement de la légalité constitutionnelle dans le fonctionnement de l'APN ont accéléré le délitement des institutions et inscrit l'Algérie dans le cercle très fermé des régimes absolutistes», déplore le parti, qui avait déjà dénoncé l'opération de destitution du président de l'APN, Saïd Bouhadja, lancée à partir du siège du FLN. «L'inquiétante instrumentalisation de la justice» Revenant sur les dernières arrestations d'artistes et de journalistes, le RCD met en garde contre «une instrumentalisation inquiétante de la justice» qui porte atteinte à la crédibilité de cette institution. «L'instrumentalisation de la justice et des services de sécurité dans les luttes de clans à l'intérieur du système prend, ces derniers temps, des proportions inquiétantes», lit-on dans ce communiqué. Et d'ajouter : «Après l'arrestation de six officiers supérieurs de l'ANP accusés d'‘‘enrichissement illicite'' et de ‘‘trafic d'influence'' et leur placement en détention provisoire depuis trois semaines, c'est au tour de citoyens, dont l'artiste Kamel Bouakaz, de l'ex-footballeur Fodil Dob et de trois journalistes de subir un sort semblable.» Pour cette formation, le viol de la présomption d'innocence, de la dignité humaine et du secret de l'instruction dans cette dernière affaire a fini par venir à bout du peu de crédit qui restait à cette institution (la justice ndlr). Ce faisant, la direction du RCD se dit plus que jamais convaincue que «seule la mobilisation collective des forces patriotiques peut relancer l'espoir d'une transition démocratique à même de sortir le pays de l'impasse actuelle».