Nous sommes contre l'alternance clanique.» C'est la réponse de Mohcine Belabbas, le président du RCD, à la «rumeur» qui lui endosse des propos non hostiles à la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un 5e mandat. «Au RCD, nous étions contre Bouteflika et nous le sommes toujours. Et nous sommes contre le mandat d'un candidat du système.» C'est par cette mise au point sèche qu'a clôturé Mohcine Belabbas, en fin d'après-midi d'hier, un meeting de campagne à la cinémathèque de Béjaïa. Beaucoup l'ont attendu sur ce point pour clarifier des propos qui veulent faire croire à une position antinomique à la ligne traditionnelle du RCD. Le président du RCD a même reproché à certains titres de la presse nationale d'avoir repris des propos sans source. En faisant sa mise au point, il explique que le problème est plutôt celui d'un «pouvoir qui a décidé de conditionner le peuple algérien» et que son parti s'oppose autant à «la peste qu'au choléra». L'occasion a été saisie pour rappeler que le RCD a toujours revendiqué pour un exercice électoral propre, la création d'une instance indépendante de gestion des élections «à tous les niveaux». Le meeting d'hier a été aussi celui d'une plaidoirie chargeant le gouvernement et les tenants du pouvoir. «De la disponibilité financière jamais égalée au début des années 2000, on est arrivé à dire qu'il n'y a plus d'argent. Pourtant, nous leur avons dit que l'argent du pétrole ne durera pas et qu'il faut investir dans des projets créateurs de richesses. Ils ne nous ont pas écoutés», déclare Mohcine Belabbas. «Non seulement ils ont échoué, mais ils veulent casser toutes les énergies du pays», accuse-t-il, rappelant les atteintes aux libertés survenues notamment à Béjaïa, dont celle pénalisant toujours Cevital. «Ils veulent nous complexer en nous disant que vos députés défendent Cevital. Ils se doivent de défendre l'emploi», répond le président du RCD. «Je suis fier de défendre Cevital, car je défends 18 000 postes d'emploi et le premier groupe algérien exportateur hors hydrocarbures», déclare-t-il. Le discours de Mohcine Belabbas s'est attelé à déconstruire la littérature «trompeuse» des partis du pouvoir qu'il accuse de mentir au peuple et d'être «des militants du 19 mars», comprendre des faux militants nés de la dernière pluie, ceux qui apparaissent lorsque cessent les hostilités. Ouyahia aussi en prend pour son grade. «Il a toujours soutenu la dictature et il nous parle à l'APN de démocratie. C'est lui qui disait naârbouha (nous l'arabiserons) et il nous parle maintenant de tamazight», stigmatise-t-il. Faisant allusion au Premier ministre Ahmed Ouyahia, sans le nommer. Mohcine Belabbas trouve inacceptable qu'«un pays aussi vierge que l'Algérie puisse se trouver dans une crise financière». Il souligne aussi qu'«il y a un grand mensonge» à dire que la solution est dans la planche à billets au prétexte que les Etats-Unis et d'autres pays développés y ont recours. «Et ils n'ont pas honte de dire que c'est la seule solution» dénonce-t-il, corrigeant que les contextes sont incomparables et que «les USA ont une économie forte et la planche à billets n'a pas été utilisée pour de grosses sommes». «Une monnaie qui n'a pas de valeur n'est pas une monnaie», dit-il, informant que l'examen de la loi de finances 2018 est précautionneusement reporté pour après le scrutin prochain, soit le 26 novembre, et que la décision est prise de ne pas retransmettre les débats de l'APN à la télévision, les «vérités» de la nouvelle LF étant pénibles à entendre. «Ils n'ont pas la compétence qu'il faut, ils doivent partir», revendique Mohcine Belabbas pour qui la crise est celle «d'hommes qui ne sont pas à leur place».