Vu sa position géographique stratégique, la ville d'Akbou a, depuis sa fondation vers 1872, constitué un pôle d'attraction pour les daïras environnantes, voire les wilayas limitrophes. Cette ville carrefour ayant dans son orbite toute une sous région, faute d'une stratégie de développement, n'arrive pas à sortir de la médiocrité dans laquelle on l'a confinée. Du fait de l'accroissement exponentiel de la population, de l'exode rural, entre autres, elle a connu un boom urbanistique anarchique. Cette évolution non maîtrisée a généré une mutation de la ville de sorte que la ruralité voulant reprendre ses droits dispute les moindres espaces à l'urbanité acculée à la défensive. En effet, tout visiteur à Akbou remarquera la prédominance des constructions individuelles disparates souvent inesthétiques et inachevées sur l'aspect urbain. Ainsi, en un temps record la ville a eu des prolongements tous azimuts au point de devenir une cité tentaculaire. Des quartiers spontanés, des excroissances sont venues se greffer au tissu urbain qui s'est métamorphosé en une entité hybride. Cette situation, tout en occasionnant un immense gâchis foncier, a eu des retombées néfastes sur l'esthétique et l'harmonie urbaines, ce qui fait d'Akbou une ville avortée. Il est vrai que les citoyens livrés à eux-mêmes construisent comme ils peuvent et comme ils l'entendent. Outre cet état des lieux peu reluisant, la ville traîne telles de plaies de nombreux sites d'habitat précaire. Les atteintes à l'environnement, les fléaux sociaux, le manque d'espaces verts, le désert culturel, le déficit criard en logements, les chantiers qui tournent au ralenti, les litiges foncier non tranchés, la démission de l'autorité de l'Etat sont les caractéristiques de cette commune en léthargie. De même la ZAC, qui est le poumon économique de la collectivité en proie à l'incurie, se dégrade de plus en plus. Des lots attribués depuis de longues années à des investisseurs ne sont toujours pas exploités et se trouvent ainsi pris en otages. Des unités de production ont mis la clé sous la porte sans que les pouvoirs publics ne se donnent la peine de se pencher sur ces cas. Le projet de la station d'épuration qui y est prévu demeure toujours dans les limbes. Le paradoxe c'est que cette ZAC, annoncée comme futur pôle agroalimentaire d'envergure nationale, est éligible à devenir une zone industrielle d'autant qu'elle a pour prolongement un potentiel foncier considérable. A ce tableau noir s'ajoute la problématique du foncier. Toutefois, cette dernière est en réalité artificielle si on considère que la collectivité peut disposer des centaines d'hectares situées sur l'axe ZAC Helouane. A rappeler dans ce contexte qu'il s'agit des terres mises sous protection de l'Etat depuis l'indépendance jusqu'à 1998, date à laquelle elles ont fait l'objet d'une restitution très controversée. Le nouveau chef de daïra a convenu que la commune accuse un énorme retard en matière de développement local, d'où les carences qui ne sont qu'un secret de polichinelle. « Effectivement la commune a accumulé un grand retard sur quasiment tous les plans. Aussi, notre tâche doit elle consister en premier lieu à rattraper le retard accumulé depuis des lustres. Pour ce faire, notre stratégie s'articulera autour de la mise à niveau, la réhabilitation des intervenants, la redynamisation de la vie économique ; sociale et culturelle, la planification des projets et la restructuration de toutes les activités. Comme l'architecture et l'urbanisme reflètent le niveau de civilisation atteint par une société donnée, nous veillerons à ce que non seulement la ville mais aussi les agglomérations secondaires prennent un cachet urbain à même d'estomper l'aspect rural qui prédomine actuellement » nous déclare Derradji Sinasser, chef de la daïra d'Akbou.