Situé sur le tracé frontalier, le village de Roubane est à des années-lumière de la civilisation. En pénétrant sur son territoire, après plusieurs barrages de militaires, on a l'impression que cette bourgade ne fait pas partie d'une wilaya algérienne. Contrée à vocation agricole, fière de ses chouhada et ses vaillants moudjahidine, elle est pourtant isolée de tout. « Comme vous le voyez, nous n'avons rien, nous continuons à vivre selon la volonté de Dieu. Sans projets de l'Etat, nos enfants chôment à longueur de journée ». Et dire que Roubane est à seulement 10 km du chef-lieu de la daïra de Béni Boussaïd. « Ici, nous n'avons pas l'eau potable et c'est logique parce qu'on n'a pas encore pensé à installer des réseaux d'AEP et d'assainissement ». Dans cette région, tout manque : pas de structures sanitaires, pas d'écoles pour les enfants qui sont obligés de parcourir des kilomètres à pied pour rejoindre leurs classes. « Les routes ? s'interroge un autochtone, nous ne connaissons pas le bitume. Nous cohabitons avec la poussière et la boue ». Parler d'éclairage est du surréalisme : « Ne vous étonnez pas, nous sommes oubliés par les pouvoirs publics ; imaginez que même pour prier, il faut faire des kilomètres, et encore, la seule mosquée dans les environs a été quasiment bâtie par un bienfaiteur ». « Parfois, on se dit pourquoi aucune autorité n'est venue chez nous, c'est juste pour avoir le sentiment que nous sommes des Algériens nous aussi ». Dans cette région frontalière, il y a également beaucoup d'incidents. Il y a quelques semaines, un jeune a été tué par balle et son frère grièvement blessé par un garde-frontière, la nuit. « On voudrait seulement vivre dans la dignité et que nos enfants aient des perspectives d'avenir ! »