Si vous revenez ici, vous êtes des hommes morts, nous lança un officier en arabe. Nous avions peur d'être tués par les snipers, mais heureusement ils ne nous ont pas tiré dessus. Dans le noir, on trébuchait sur des cadavres, nous avons passé le reste de la nuit dans les rues désertes de Jabalia-ville. C'était dangereux de se déplacer, il y faisait très froid. Le lendemain, nous avons trouvé nos familles dans l'une des écoles de Jabalia et nous sommes restés ensemble. Nous sommes revenus ici après le retrait des soldats israéliens. Plus de 50 cadavres ont été retirés de sous les décombres, nous n'avons pas trouvé de maison. Comme vous le voyez, les trois étages sont par terre. La première semaine, nous avons logé chez des proches. Actuellement, nous vivons sous les tentes que l'Unrwa (l'agence onusienne pour l'aide aux réfugiés) a installées ici. Mon souhait est que les frères du Fatah et du Hamas se réunissent de nouveau car, sans un accord entre eux, il n'y aura jamais d'ouverture des points de passage et donc pas de reconstruction. Un séisme n'aurait pas fait autant de dégâts, nous avons besoin d'aide. Toutes les maisons autour de celle de Mahmoud ont subi le même sort. A vrai dire, dans cette localité, entourée de terres agricoles, à part les habitations, la mosquée, les écoles ainsi que quelques petites usines qui n'ont pas été épargnées aussi, il n'y a pas grand chose à découvrir. Le plus important était de se mettre à l'écoute des principales victimes de cette barbarie israélienne qui sont les simples citoyens. Sur un autre tas de gravats, était assis seul un jeune de 15 ans, il nous raconta son histoire : « Au 5e jour de l'incursion, les soldats nous ont fait sortir de la maison et nous ont demandé de nous diriger vers l'ouest, vers Jabalia-ville et le camp de réfugiés. A mi-chemin, ils nous ont arrêtés et fait asseoir par terre. Une heure après, ils nous ont ordonné de continuer notre chemin ; nous sommes revenus après le retrait pour trouver notre maison en ruine. 21 personnes vivaient sous son toit ; aujourd'hui, nous sommes sous les tentes que vous voyez. On nous apporte quelques aliments et un peu d'eau, mais cela reste insuffisant, les conditions de vie sont très difficiles ». Malgré son jeune âge, cet enfant a évoqué aussi son souhait de voir le Fatah et le Hamas s'asseoir à une même table et mettre un terme à leur désaccord, afin qu'il puisse y avoir une reconstruction.