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Pire que toutes les autres guerres
L'agression israélienne contre Ghaza
Publié dans El Watan le 08 - 02 - 2009

Ezbet Abdrabo, un nom qui revenait souvent dans les différents médias, tout au long de l'agression israélienne barbare contre la bande de Ghaza du 17 décembre au 18 janvier dernier. Surplombant la région de Jabalia, du côté est, c'est le premier grand rassemblement d'habitations faisant face au territoire israélien distant à cet endroit de moins de 3 km.
Ghaza De notre correspondant
D'après les israéliens, des roquettes palestiniennes ont souvent été tirées depuis cette localité contre leur territoire. Cette localité a pris le nom du clan familial Abdrabo, les premiers à y avoir habité puisqu'ils sont propriétaires de la majorité des terres. « Désolé, il vous faut un tracteur pour y aller pas un taxi, il n'y a plus de route là-bas. Les Israéliens ont tout détruit, mais je peux vous en rapprocher le plus possible. Et après, soit vous continuez à pied, soit vous montez une charrette tirée par un âne, actuellement c'est le moyen de locomotion le plus utilisé là-bas », me lança un chauffeur de taxi à qui j'ai demandé de m'y emmener. Tout au long du trajet du camp de réfugiés de Jabalia, une première station forcée pour rejoindre El Ezba « la ferme », comme l'appellent les gens d'ici, Abou Ali, très curieux au point de devenir gênant, a essayé de tout savoir sur moi et sur le but de ma visite dans cette région qui, ne cesse-t-il de dire, a vécu une véritable tragédie et a le plus souffert de l'agression israélienne.
« J'ai été partout après le retrait de l'armée israélienne, mais le taux de destruction est beaucoup plus important à El Ezba », me lance-t-il entre deux bouffées de fumée de cigarette. Il a été content de savoir que je travaillais pour un journal algérien : « Ah, Abou Mediène, celui-là c'était un homme. Il nous a toujours supportés et sans rien attendre de nous... » Arrivés à destination, il a été contraint de stopper la discussion, il me lança tout en arrêtant son véhicule : « Plus que ça, je ne peux aller plus loin. C'est cette route en face, vous y serez dans moins de 20 mn. » Il m'a déposé à la rue Salah Eddine, le principal axe routier de ce territoire palestinien, puisqu'il mène de l'extrême nord, du fameux point de passage israélien d'Erretz à l'extrême sud, au terminal de Rafah, la seule portière vers l'Egypte et le monde extérieur.
J'avais hâte de voir ce que sont devenus les habitants de cette localité, près de trois semaines après le retrait des chars israéliens. Comme dans d'autres localités du Nord, El Aâtatra, Essalatine, la région de Touam, la route goudronnée a complètement disparu, comme si elle n'a jamais existé. Les poteaux électriques étaient par terre, c'est devenu un chemin abrupt, difficilement praticable, heureusement qu'un doux soleil brillait en cette matinée de février. Bien que de nombreuses charrettes passaient, j'ai décidé de poursuivre le chemin à pied. Les traces des chenilles des lourds chars et des bulldozers israéliens sont partout. Plus on avance et plus importantes sont les destructions, des pâtés de maisons entiers sont transformés en tas de gravats, de ferraille, de fils électriques, de restes de meubles. Des gens formant des groupuscules sont assis près de ce qui reste de leur habitation, c'est-à-dire rien.
Ils sont accueillants et même souriants, mais c'est lorsque vous vous approchez d'eux que vous sentez l'ampleur de leur drame. Mahmoud Abdrabo, 35 ans, membre de l'un des services sécuritaires de l'ancienne Autorité palestinienne, en compagnie de son père et de sa sœur d'une quarantaine d'années, célibataire, car un peu arriérée mentale comme il me l'a dit, étaient en face de ce qui a été une maison de trois étages abritant plusieurs familles. il a accepté de se livrer à El Watan : « J'habitais cette maison avec mes 5 frères mariés, mon père, ma mère et ma sœur ici présente. Cette bâtisse abritait 34 personnes. C'est la 4e incursion en trois ans. Au cours de celle de mars dernier, il y a eu des dégâts, mais nous avons réparé et continué à y habiter. Au 5e jour de l'incursion terrestre, le 6 janvier dernier, il y a eu un bombardement de 8 h à 13 h.
Nous avons entendu à la radio, sur des transistors, puisqu'il n'y avait pas de courant électrique ni de lignes téléphoniques, qu'il y avait une trêve de trois heures. Beaucoup d'habitants ont quitté leur maison en levant des drapeaux blancs, mais un de nos proches, Mounib Abd Rabo, a perdu deux de ses filles, tuées par des tireurs d'élite, alors qu'une troisième a été gravement blessée. Elle se fait soigner en Belgique, mais on dit qu'elle est paralysée. On a été touchés par deux obus, l'un au 3e étage et l'un au premier, alors que nous étions tous au rez-de-chaussée. Je ne peux vous décrire la frayeur des enfants. » Dans la famille Abdrabo, on a 11 martyrs, 7 ont été tués dans le bombardement de leur maison.
Après la mort des filles, nous avons pris la décision de rester. Le même jour, les soldats ont investi la maison, ils ont fait sortir les femmes et les enfants et leur ont ordonné d'aller vers Jabalia, à pied. Les hommes, dévêtus et après une fouille minutieuse, ont été rassemblés poings liés et assis dans une écurie. Nous y sommes restés de 17 h à 22 h. En pleine nuit, ils nous ont ordonné de nous diriger aussi vers Jabalia.


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