Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a annoncé hier une nouvelle politique de gestion budgétaire qui tend à rationaliser les dépenses publiques. Cette approche vise à « garantir une visibilité meilleure pour la budgétisation des programmes de l'Etat », a expliqué le ministre dans son discours d'ouverture du Forum sur la gestion publique, qui s'est tenu hier à l'hôtel Sheraton. M. Djoudi a estimé qu'il est temps de « rompre avec l'ancien système dit de budgétisation des moyens ». Cette nouvelle gouvernance budgétaire annoncée par le ministre des Finances privilégie « l'axe de la performance et de l'obligation de résultats ». Il s'agit, selon le ministre, d'une transformation des systèmes opérationnels et d'une adaptation des mécanismes de contrôle. M. Djoudi a précisé que le projet de loi organique relative aux lois de finances récemment adopté par le conseil du gouvernement, qui constitue « le soubassement juridique de la réforme budgétaire », sera accompagné d'une refonte du mode de gestion du budget de l'Etat. L'objectif de cette refonte est d'asseoir « un contrôle effectif des dépenses et ce, en responsabilisant les gestionnaires », tout en incluant « une liberté d'action combinée à une plus grande responsabilité de la part des agents publics en matière de gouvernance et de résultats sur le moyen terme », a encore souligné le ministre. Autrement dit, la budgétisation des programmes et des projets se fera à l'avenir sur la base d'une étude à objectifs clairement affichés, a détaillé M. Djoudi. Tous ces volets, a poursuivi le ministre, devraient être pilotés par un système d'information performant, afin de permettre aux fonctionnaires d'avoir « une meilleure maîtrise des outils de gestion du budget de l'Etat ». Par ailleurs, lors d'un point de presse improvisé, Belkacem Aït Saâdi, conseiller auprès du ministre des Finances, a indiqué que l'exercice 2012 verrait la mise en œuvre progressive de cette réforme budgétaire. Celle-ci, a-t-il précisé, est actuellement au stade de préparation et d'étude entamée depuis 2000, suivie de l'installation de cellules de projet au niveau de chaque ministère et de plusieurs autres commissions de suivi et de mise en œuvre. D'autres dispositifs juridiques, techniques et humains nécessaires à l'accompagnement de ce processus de refonte seront mis en place de façon progressive, a indiqué également M. Aït Saâdi. Le directeur général de l'Inspection générale des finances (IGF), Mohamed Djahdou, a relevé pour sa part que cet organisme attend le texte d'application de l'ordonnance 01-04 qui va permettre à l'IGF d'intervenir dans le secteur économique et contrôler, à titre d'exemple, les entreprises publiques économiques. Selon M. Aït Saâdi, l'IGF est appelée désormais à contrôler non seulement le respect de la régularité, mais aussi de la performance de agents publics. L'IGF, qui fonctionne actuellement avec quelque 200 éléments, verra ses effectifs renforcés et recyclés pour une meilleure adaptation aux besoins générés par la nouvelle politique budgétaire.