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ENERGIES RENOUVELABLES
Publié dans El Watan le 17 - 07 - 2004

Avec l'accélération rapide des évolutions technologiques et la quête légitime de l'Algérie à s'inscrire dans un processus développementaliste, la préoccupation environnementale était marginalisée (cas des villes de Annaba, Skikda, Arzew…). Les conséquences écologiques n'étant pas prises en charge convenablement, nous subissons actuellement les effets pervers et néfastes de cette vision, dus essentiellement à une absence de politique environnementale planifiée. Des zones industrielles et des décharges publiques, édifiées et implantées dans les périphéries de nos villes, durant les années 1960 et 1970, se trouvent noyées aujourd'hui dans les tissus urbains. L'utilisation intensive et non maîtrisée de la technologie pour satisfaire des besoins particuliers, sans tenir compte du contexte ni de l'impact des projets sur leur environnement, risque de nous conduire à des problèmes environnementaux insolubles pouvant compromettre la pérennité de la prospérité. L'environnement dans lequel nous vivons peut être considéré comme un grand système dynamique complexe, caractérisé par des liens étroits entre ses composantes sociale, naturelle ou économique, composantes que l'on a trop souvent et longtemps voulu dissocier pour les aborder séparément. Face aux conséquences négatives de cette vision parcellaire et compartimentée, en somme désintégrante, une nouvelle approche s'impose, basée sur la prise en compte simultanée des effets interactifs et synergiques des processus sociaux, écologiques et économiques pour les intégrer en une vision globale, utile et cohérente. Les organismes nationaux impliqués dans des projets à forte consonance industrielle et technologique sont condamnés à travailler en parfaite osmose avec différents partenaires et/ou compétences nationales susceptibles d'apporter un plus dans un cadre collaboratif et multipartenarial afin d'éviter au pays des catastrophes tant économiques qu'écologiques. La catastrophe de Bab El Oued (inondations) est présente encore dans nos esprits. Les spécialistes du management en général et du marketing en particulier préconisent la notion conceptuelle Think global and act local (agir localement et penser globalement). Nous profitons des innombrables services de l'écosystème (air, eau, énergie naturelle…), et toute exploitation inadéquate contribue à l'altération de ces services, induisant des conséquences fâcheuses pour la qualité de la vie, sa sécurité et sa vulnérabilité. Les problèmes de santé, de salubrité et d'hygiène publique, de pollution et d'aménagement du territoire ne sont pas du ressort d'un seul ministère mais bel et bien l'affaire d'équipes multidisciplinaires et intersectorielles construites autour d'objectifs communs et à forte portée nationale. En Algérie, la formation de ces entités bute sur des systèmes traditionnels, pour la plupart encore cloisonnés et bien établis, non préparés (ou réticents) pour intégrer ces nouvelles synergies. Toutes les actions sectorielles isolées, circonstancielles et hâtives, engagées dans la précipitation et la conjoncture du moment sans concertation élargie et approfondie, causent généralement de graves préjudices au milieu naturel dans le temps et l'espace. La réhabilitation des directions de l'environnement au niveau des wilayas est impérative et leurs avis technique et scientifique sur la faisabilité de projets porteurs de nuisances environnementales doivent être pris en considération avec force et respect de la loi. La pollution est pandémique (que mes amis de la santé m'excusent d'utiliser cette terminologie) et transfrontalière, non seulement au niveau de nos wilayas mais bien au-delà des frontières d'un pays : la pollution du barrage de H. Boughrara de Maghnia (wilaya de Tlemcen) par nos voisins marocains est une parfaite illustration de cet état de fait sans omettre les effets contaminants du nuage radioactif de Tchernobyl (Ukraine) sur une partie de l'Europe et de l'Asie. La course effrénée vers le développement industriel et technologique au détriment de la sauvegarde et de la préservation de l'environnement nous conduira invraisemblablement vers un chaos écologique dont nous ne pouvons, actuellement, mesurer les dégâts et l'ampleur qu'au moment opportun. Le développement associé au respect de la nature ne doit plus être considéré comme un dilemme mais comme un concept dichotomique où chaque composante jouit de la même importance en valeur absolue.
De Stockholm à Johannesburg en passant par RioAinsi, depuis le début de la révolution industrielle, les concentrations de dioxyde de carbone dans l'atmosphère sont passées d'environ 280 parties par million (ppm) à plus de 360 ppm en 1996. Environ 60 % de l'augmentation de C02 est survenue depuis 1958, coïncidant avec l'expansion rapide de l'économie industrielle à base de combustion fossile. Les concentrations de méthane ont plus que doublé tandis que la quantité d'oxydes nitreux présents dans l'atmosphère a augmenté de 8 %. De plus, la population mondiale est passée de 600 millions de personnes au début du XVIIIe siècle à plus de cinq milliards aujourd'hui. Si l'environnement a toujours été d'une importance capitale pour la vie, le souci de l'équilibre entre la vie des hommes et l'environnement n'a pris une dimension internationale que durant les années 1950. Mais c'est vers la fin des années 1960 que les mouvements écologistes se faisaient entendre. Au début des années 1970, l'attention se portait sur l'environnement biophysique, plus particulièrement la gestion de la flore et la faune sauvages, de la conservation des sols, de la pollution des eaux, de la dégradation des sols et de désertification. Dans les pays développés, il existait deux principales écoles de pensée au sujet des causes de la dégradation de l'environnement : la première blâmait l'avidité et la poursuite sans relâche de la croissance économique, la seconde accusait l'accroissement de la population. Par contre, pour les pays en voie de développement, on considérait que le souci de l'environnement était un luxe occidental. «La pauvreté est la forme la plus grave de pollution», affirmait Indira Ghandi, Premier ministre de l'Inde, à la conférence des Nations unies sur l'environnement (Stockholm 1972). A cette époque, le monde était bipolarisé et la vision du bloc communiste était différente. Tang Ke, chef de la délégation chinoise à cette même conférence, déclarait : «Nous pensons que, parmi tout ce qui est au monde, c'est l'homme qui est le plus précieux.» Il était difficile et impensable de tenir une conférence mondiale sur l'environnement durant la guerre froide. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, elle a eu lieu effectivement en Suède, à Stockholm en 1972. Tenue au mois de juin, elle a réuni les pays développés et en voie de développement, en l'absence de l'ex-URSS et de ses alliés. A partir de cette date, la préoccupation environnementale était perçue différemment et la conférence a abouti à une déclaration de 26 principes (les principes de la Déclaration de Stockholm). La conférence a également créé le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et en a fait la conscience environnementale du système des Nations unies. Depuis, plusieurs organisations, telle l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) et 50 gouvernements environ, ont adopté des instruments ou dispositions constitutionnelles reconnaissant l'environnement comme droit fondamental. Avant la tenue de cette conférence, il n'existait que 10 ministères de l'environnement environ. En 1982, 110 pays avaient mis en place un ministère ou un secrétariat d'Etat. S'agissant des changements climatiques, le réchauffement de la terre est de plus en plus préoccupant (le savant suédois Svante Arrhenius avait déjà en 1896 mis en garde contre l'effet de serre) et cela a abouti à la tenue, en février 1979, de la conférence mondiale sur le climat, à Genève. Celle-ci est parvenue à la conclusion que les émissions anthropiques de dioxyde de carbone pouvaient avoir un impact et un effet nuisible sur le climat à long terme. Au cours des années 1980, les scientifiques et les pouvoirs politiques furent surpris par des chercheurs britanniques ayant effectué des mesures sur ce qu'on a appelé «le trou d'ozone». En 1982, la Charte mondiale de la nature est adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies, attirant l'attention des pays sur la valeur intrinsèque des espèces et des écosystèmes. Au cours de cette décennie, il s'est produit une série d'événements catastrophiques qui ont marqué le monde et ébranlé la compréhension que l'on a sur l'environnement. En 1984, une fuite d'un produit toxique dans l'usine d'Union Carbide, à Bhobal (Inde), a fait 3000 morts et 20 000 blessés. La même année, la famine en Ethiopie a fait à peu près 1 million de morts. En 1986, l'accident nucléaire le plus grave a eu lieu quand un réacteur a explosé à la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine. En 1989, le super pétrolier Exxon Valdez a déversé une marée noire de 50 millions de litres de pétrole dans le Prince William Sound, en Alaska, montrant qu'aucune région du monde, si éloignée et si parfaitement préservée qu'elle soit, n'était à l'abri de l'effet des activités humaines. C'est en 1987 que la notion de développement durable entrait dans le lexique de l'environnement à travers le rapport final de la Commission mondiale sur l'environnement et le développement (Commission Brundtland) CMED 1987. Ainsi ont été semés les germes d'un engagement plus accru envers la protection de l'environnement et de nombreuses associations et partis politiques (les verts) ont vu le jour ou se sont multiplié rapidement. A la fin de cette décennie, on parlait aussi d'éco-efficacité dans l'industrie afin de réduire les effets sur le milieu naturel tout en augmentant la rentabilité. Malheureusement, ces préoccupations n'étaient pas partagées par les firmes internationales et l'exode des industries polluantes vers les paradis de la pollution (pays poubelles) au sud battait son plein. En parallèle, plusieurs accords multilatéraux sur l'environnement ont été conclus, entre autres la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (1982) ; le Protocole de Montréal relatif à des substances qui appauvrissent la couche d'ozone (1987) et enfin la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et leur élimination (1989). Les années 90 ont été caractérisées par la recherche d'une compréhension plus poussée du concept et de l'importance du développement durable, et les problèmes environnementaux mondiaux nécessitaient des solutions internationales. En juin 1992 à Rio de Janeiro (Brésil), s'est tenu le Sommet de la Terre. Cette manifestation s'est tenue sous l'égide de Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (CNUED) et a rassemblé un nombre sans précédent de représentants et d'officiels : 176 gouvernements, plus de 100 chefs d'Etat (seulement 2 à Stockholm), environ 10 000 délégués, 1400 représentants d'ONG et 9000 journalistes approximativement. A travers le sommet de Rio, 6 résolutions importantes ont été adoptées :
1) La déclaration de Rio sur l'environnement et le développement (avec 27 principes).
2) Action 21 est un ensemble de directives pour l'environnement et le développement du XXIe siècle. C'est un programme de 40 chapitres et ses recommandations sont réparties entre quatre grands domaines.
3) Deux grandes conventions internationales ; la convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNlJCC) et la Convention sur la diversité biologique CDD ratifiée par notre pays le 09 juin 1993).
4) La Commission du développement durable (CDD).
5) L'accord sur la nécessité de négocier une convention mondiale pour la lutte contre la désertification.
6) La déclaration des principes pour une gestion durable des forêts.
Après le sommet, le développement durable était beaucop plus présent dans les délibérations et les prises de décision au niveau des inctitutions locales ou internationales. Durant la même période, le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) a été mis en place conjointement par le PNUE, le PNUD et la Banque mondiale, en 1991, et avait pour mission essentielle de dégager des subventions et des prêts à faible taux d'intérêt aux pays en développement dans des projets se rapportant à la préservation de l'environnement. Après le sommet de Rio, il était le mécanisme financier pour l'Action 21. Le nombre de ses membres est passé de 34 à plus de 155 pays. (A suivre)


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