Le chef de l'Etat cubain, Raul Castro, consacre l'une de ses premières sorties internationales à l'Algérie. Un choix presque naturel tant les relations entre les deux pays sont restées constantes et n'ont pâti ni de brouilles ni de nuages. Raul Castro, en Algérie, est dans un pays ami au sens fort du mot. Le contexte a certes changé au plan mondial, mais il n'efface pas l'histoire et les Algériens ne peuvent pas oublier que Cuba a été de leur côté lorsque cela fut nécessaire. La visite de Raul Castro s'inscrit donc sous le double signe de la solidarité et de l'histoire. Au-delà de cette dimension symbolique et émotionnelle, il est manifeste que le séjour du chef de l'Etat cubain vise à renforcer les échanges avec l'Algérie sans les limiter aux seuls domaines du sport et de la santé. Depuis la retraite de Fidel Castro, les regards se tournent vers Cuba avec la question de savoir si La Havane réussira la transition vers la mondialisation. Il faudrait pour cela que Raul Castro, qui a succédé au Lider Maximo, puisse engager et réussir des réformes économiques qui remettraient Cuba sur la voie du développement. Une condition nécessaire mais pas totalement suffisante, car la volonté de réformes de Raul Castro peut être contrecarrée par le maintien de l'embargo américain sur Cuba. Il faudra attendre ce que décidera à ce sujet le président Barack Obama à l'égard d'un contentieux qui n'a que trop duré. Le président américain souhaitera-t-il, dans un avenir plus ou moins proche, prendre langue avec les autorités cubaines pour refonder de nouveaux liens entre Washington et La Havane ? Il n'y a, pour l'heure, pas d'indices ou d'initiatives qui aillent dans ce sens. Mais il est permis de se demander si ce n'est pas le rôle de la communauté internationale, et plus singulièrement encore des pays amis de Cuba, au nombre desquels figure l'Algérie, de travailler à apurer un conflit vieux de près d'un demi-siècle entre Cuba et les Etats-Unis. Raul Castro ne pourra pas conduire de réformes profondes, si Cuba continue d'être confrontée en permanence à l'hostilité, voire aux menaces, de la première puissance mondiale qui se trouve être son voisin immédiat. D'aucuns se plaisent à rappeler cette formule lapidaire : « Pauvre Cuba, si loin de Dieu et si près des Etats-Unis. » Cette formule se justifie-t-elle encore au moment où justement Cuba est entrée dans l'après-Fidel Castro ? C'est aux Cubains de tracer leur avenir et il est préférable que l'évolution de ce pays se fasse dans un climat apaisé. D'autant plus que Raul Castro, avec les meilleures intentions du monde, ne peut pas changer les choses du jour au lendemain. Toutefois, Cuba ne manque pas d'arguments, car elle dispose d'un potentiel humain qui est d'abord le fruit de la révolution dont le cinquantenaire vient à peine d'être célébré. Dans le même temps, c'est une nouvelle ère qui s'ouvre pour les dirigeants de Cuba dans la reconquête d'une juste place pour leur pays dans l'arène internationale. Dans un tel processus de reconquête, l'étape d'Alger était incontournable.