L'affaire des deux opérées continue de faire la une à Ouargla. Les familles ont porté plainte contre l'hôpital de Ouargla. Mourad Bouhenna, mari de feue S. S., dit avoir entièrement confiance en la justice, qui a pris en main l'affaire de sa femme après son dépôt de plainte au commissariat central de Ouargla. Ouargla : De notre bureau Entre temps, l'enquête judiciaire ordonnée par le procureur de la République près le tribunal de Ouargla avance. Ammar Sekki, procureur général de Ouargla, a déclaré hier à la radio locale que « la justice fera tout pour élucider cette affaire dont tous les protagonistes seront entendus au fur et à mesure ». M. Sekki a appelé à « un apaisement des esprits au sein des familles et de l'opinion publique pour permettre un déroulement normal de l'instruction dans le calme et la sérénité. Par ailleurs, la commission d'enquête, diligentée par le ministère de la Santé à l'hôpital de Ouargla, a quitté hier la ville. Selon les premiers éléments d'information qui ont filtré, cette commission aurait constaté une négligence dans la gestion des gaz utilisés dans l'anesthésie. Le recoupement des informations et indices recueillis sur place aurait en effet permis de situer une erreur dans la manipulation des obus de gaz, si bien que les réflexes de routine n'ont pas permis de détecter une erreur ou mauvais choix de bouteilles. Une information de taille a vraisemblablement permis d'orienter les doutes vers le fait que l'obus incriminé portait en effet gravées sur son robinet la mention « CO2 » et « Anhydride carbonique » sur son corps. L'étiquette de l'obus a certes disparu, mais le fait est que : si le choix des bouteilles se base sur un code de couleur, des informations circulent sur le fait que l'obus incriminé porte une couleur bleu ciel qui se distingue du gris utilisé pour le CO2 et du bleu foncé utilisé pour le protoxyde d'azote.Ces détails sont pris en charge par l'enquête en cours qui a été orientée jusqu'à maintenant vers l'audition du directeur de l'hôpital et des médecins ayant pratiqué l'anesthésie, les opérations chirurgicales et la réanimation des deux victimes. L'un d'eux, le docteur Mohamed Kamel Abazi, spécialiste en ORL, parle d'un soulagement suite au déclenchement de l'enquête qui, à son avis, pourrait apporter des éléments de réponse aux nombreuses questions et zones d'ombre que le corps médical, les familles et l'opinion publique se posent à propos de ces incidents qui ont coûté la vie à deux femmes à la fleur de l'âge. Les révélations du docteur Abazi Le docteur Abazi désapprouve la décision de suspendre le directeur de l'hôpital de Ouargla qu'il juge prématurée et arbitraire vu les réalisations de ce gestionnaire. A ce propos, le médecin se remémore avec force détails l'enchaînement rapide des événements à commencer par la journée de bloc qui a commencé normalement à 9h et où il a eu à opérer deux enfants et une adulte d'une amygdalectomie avant de passer à Mme K. F. qui devait se faire réparer le tympan. « La phase préparatoire, l'anesthésie et les 50 premières minutes de l'opération se sont déroulées normalement. L'anesthésiste avait du mal à stabiliser la tension artérielle puis survint coup à coup une bradycardie, du sang noirâtre sur le champ opératoire suivis aussitôt d'un arrêt cardiaque. On a eu deux coupures d'oxygène qui ont été fatales malgré le changement rapide de bouteilles », explique le praticien qui ajoute : « On a procédé à la réanimation de la malade qu'on a pu la récupérer après trois électrochocs, mais j'ai tout de suite été alerté par la succession de problèmes puis l'apparition du sang noirâtre qui m'ont fait penser à une anoxie, soit un manque d'oxygène dans le sang. Parallèlement, on a appelé pour nous informer de l'arrêt cardiaque de la deuxième malade dans la salle d'à côté et l'enchaînement des faits a confirmé ma supposition. » Au bout de 20 minutes de réanimation, la fonction cardiaque de la malade a été récupérée, les paramètres de surveillance du monitoring stabilisés, à savoir la fréquence cardiaque, la pression artérielle et la saturation en oxygène. Et là par devoir et espoir de voir sa malade se réveiller, le docteur Abazi a repris la réparation du tympan de Mme K. F. en 15 minutes. Le reste des faits a consisté en le transfert de la malade vers le service de réanimation alors qu'elle présentait tous les symptômes de la mort cérébrale, son état est resté stationnaire avec quelques légères rémissions qui ne l'ont pas empêchée de replonger dans son coma pour décéder 10 jours après, le tympan réparé.