Marché n Le mouton de la steppe, nourri au chih dont le délicat parfum parfume la viande, a gardé intacte sa réputation, laquelle l'a toujours distingué des troupeaux paissant dans les autres contrées algériennes. Les marchés hebdomadaires de bétail connaissent un «rush» ininterrompu au cours du mois précédant la fête de l'Aïd El-Adha. Depuis trois semaines, les va-et-vient des éleveurs transportant leurs troupeaux en camions sur les principaux axes routiers de la wilaya du Hodna semblent ne plus vouloir cesser, les vendeurs étant de toute évidence soucieux de mettre leur offre au diapason de la demande. C'est que la clientèle vient des quatre coins du pays avec un seul but : décrocher à bon prix un beau bélier cornu et bien-portant ou, à défaut, un theni (jeune mouton) ou même une brebis qui fera aussi l'affaire le jour de l'Aïd pour les moins nantis. Le mouton m'sili voyage beaucoup lorsque les fêtes se profilent à l'horizon. La destination première des éleveurs reste incontestablement Alger et particulièrement le marché d'El-Harrach à proximité duquel certains éleveurs louent des étables et des hangars pour y «parquer» leurs troupeaux. Le mouton m'sili se distingue par la qualité de sa viande au goût bien particulier dû surtout à son alimentation sur les herbages naturels sur lesquels abondent l'armoise blanche, mais aussi l'Atriplex et autres plantes adaptées aux régions salines. Les races ovines élevées à M'sila sont en fait les mêmes que celles pacageant à Djelfa et à Biskra. Elles se caractérisent par une chair bien charnue et peu grasse. Ces caractéristiques peuvent toutefois être «faussées» par des pseudo-éleveurs qui profitent de l'occasion pour vendre des bêtes gavées par des aliments de volaille qui accroissent assez rapidement leur poids au détriment de la qualité de leur viande. Saci Laâzizi, un vieil éleveur du coin, est formel : «Le mouton ainsi engraissé est facilement reconnaissable à la couleur blanche et claire de sa laine car, explique-t-il, la laine d'un mouton correctement alimenté, dans le respect des canons traditionnels est jaunâtre.» A l'approche de l'Aïd, les marchés de bétail de M'sila sont aussi envahis par des spéculateurs et des revendeurs qui sont à l'origine de la flambée des prix. Ils achètent sur place de petits troupeaux chez des éleveurs et les revendent sans les déplacer à des prix supérieurs d'un quart des tarifs d'achat. Préférant s'éloigner de la «montée d'adrénaline» qui se saisit des marchés de Aïn El-Melh, Aïn Lehjdel, Sidi Aïssa, M'sila et Ouled Madhi, de nombreux habitants de la capitale du Hodna optent pour l'acquisition de leur mouton directement dans des fermes. Acceptant de payer un prix légèrement plus élevé, ils achètent ainsi des bêtes de qualité certaine avec en outre l'avantage de se faire livrer à domicile un jour ou deux avant l'Aïd. S'agissant précisément des prix, il reste que la flambée observée cette année est confirmée par tous ceux qui ont visité les souks de moutons à M'sila. «En échange de 20 000 dinars, l'on ne peut s'offrir qu'un mouton mâle de la taille d'un chat», ont affirmé, amers, certains acheteurs.