Le marché couvert de Michelet, situé à Haï El-Emir (ex-Miramar), véritable patrimoine d'El-Bahia, est désespérément vide. Conçu pour abriter 100 stands commerciaux, seule une dizaine est occupée. Pourtant, nous avons appris sur place que les prix de leur location varient, selon l'emplacement, de 800 à 900 DA .Un prix relativement bas, comparativement à certains marchés où ils sont sous-loués à des montants qui dépassent l'entendement. La désertion des lieux pourrait être largement comblée si, d'emblée, ils étaient loués à de jeunes chômeurs. Ce qui, en plus d'éradiquer le commerce informel, permettrait de résorber un tant soit peu le chômage, notamment auprès des jeunes. Pour l'heure, ce sont les boucheries et poissonneries parfaitement illuminées et d'une hygiène presque sans reproches qui se taillent la part du lion. En effet, entourant les étals de fruits et légumes désertés par leurs propriétaires, ces artisans bouchers et poissonniers s'activent à satisfaire leurs nombreuses clientèles. A ce sujet, un commerçant en fruits et légumes nous a confié que « seuls les clients fidèles viennent s'approvisionner chez nous. Nous les avons fidélisés en leur offrant des produits de qualité et surtout en les laissant choisir eux-mêmes le produit désiré ». Cependant, ce commerçant reconnaît que la mercuriale n'est pas à la portée de toutes les bourses. « Il est vrai, dira-t-il, que les prix sont relativement élevés. Mais, en contrepartie, le client a devant lui un éventail de produits de qualité ». Pour cet autre commerçant, « devant la cherté de la vie et la baisse du pouvoir d'achat, le citoyen se rabat sur les marchés dont les prix sont à la portée des petites bourses, à l'exemple de celui de la rue des Aurès (ex-la Bastille). Au marché Michelet, le client est véritablement roi. Cependant, les gens préfèrent se rendre à la rue des Aurès car, là au moins, c'est le commerçant qui est roi, en ce sens que ce marché leur offre les produits de leur choix et à un prix plus bas ». A l'inverse, si l'étage qui abrite le marché est déserté par les citoyens, le sous-sol connaît une animation plus grande. En effet, c'est une clientèle formée essentiellement de la gent féminine qui s'y rend en quête de produits qui lui sont propres.