Merci Athènes de nous avoir donné les plus beaux jeux olympiques de l'ère moderne. De la cérémonie d'ouverture, hommage à l'intelligence et à la création de l'Homme, à la clôture où la petite Fotini, lumineuse vestale, a soufflé la flamme olympique, ce fut superbe. Merci aux Grecs d'avoir cloué le bec aux oiseaux de mauvais augure qui prédisaient leur échec. Merci d'avoir eu l'élégance de ne pas le leur rappeler en mettant en parallèle l'excellence apollinienne de l'organisation d'Athènes (dirigée par deux femmes) avec, par exemple, les cafouillages d'Atlanta. On ignore souvent les affinités qui existent entre la Grèce et l'Algérie. Loin des grands sites touristiques, dans le Péloponnèse, on est frappé par ces paysages qui évoquent la Kabylie et par ces chants de paysans qu'on dirait venus des Aurès. Et puis on rencontre des hommes qui vous font un grand sourire lorsque vous vous présentez comme Algérien et qui vous parlent des grands combats pour la liberté. Ceux de leur peuple comme ceux du vôtre, dont vous vous étonnez qu'ils s'en souviennent si bien. Les Jeux se sont achevés en apothéose et même Colin Powell n'a pu les gâcher par une visite qui n'était pas la bienvenue. Des dizaines de milliers d'Athéniens le lui ont rappelé. Et des centaines de milliers de New-yorkais leur ont fait écho, quelques jours plus tard, en redisant la même chose à Bush et à une convention qui rimait avec provocation. On ne peut tromper tout le monde, tout le temps.