Deux semaines après son installation à la tête d'Algérie Télécom (AT), Brahim Ouarets, le nouveau PDG de l'opérateur historique, a dévoilé hier devant la presse son « plan d'urgence » pour sauver l'entreprise dont il a hérité. Entreprise « déstructurée », selon lui. Brahim Ouarets s'est engagé devant le conseil d'administration à mener ce plan sur trois mois en donnant « la priorité absolue » à Mobilis, la filiale mobile d'Algérie Télécom, car « elle est dans un créneau où la concurrence est rude ». Celle-ci n'en sera que rude avec l'entrée du koweitien Wataniya. A travers le monde, l'opérateur historique est toujours leader sur le mobile après l'ouverture de ce marché à la concurrence. A titre indicatif, Tunisie Télécom détient 74% de parts du marché tunisien, Maroc Télécom en détient 70 % au royaume chérifien, alors que Mobilis ne détient que 12% de son marché « naturel » face à Orascom Télécom Algérie (88%), et ce, bien qu'Amar Tou, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication (MPTIC), ait pu donner récemment un contre-exemple en suggérant que cela n'est pas vrai puisqu'en Egypte « l'opérateur historique n'est pas leader sur le mobile ». Chose qui est vraie. Mais au pays des Pharaons, la politique du secteur est tout autre. Les activités d'Egypte Télécom sont concentrées sur le fixe depuis l'ouverture du marché. Brahim Ouarets a dévoilé, hier, qu'en arrivant à la tête d'AT il a découvert quelque 622 antennes radio pour le réseau GSM stockées à Birtouta quand le réseau Mobilis souffrait d'une couverture radio médiocre. A cet effet, lui et la nouvelle équipe ont lancé une opération de densification de la couverture radio pour améliorer « le champ de Mobilis ». Pour la petite histoire, une blague fait fureur actuellement chez les 20 000 employés d'AT. En réponse aux doléances sur la mauvaise qualité de la couverture radio de Mobilis, ces derniers répondent en chœur : « Il faut aller à Birtouta. » Sur le plan de la tarification, l'ancien membre du conseil de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT) affirme qu'il est anormal de faire payer les consommateurs 22 000 DA HT en frais d'accès (achat de la puce) pour le mobile et 3 600 DA HT pour l'installation du fixe, sans toutefois dévoiler la nouvelle tarification, ni sa date d'entrée en vigueur. Les relations avec Wataniya et Orascom, « nous les voulons exemplaires, car ce sont de très gros clients pour Algérie Télécom fixe », a-t-il affirmé. Il a annoncé à l'occasion que « tous les problèmes liés à l'interconnexion avec Djezzy ont été assainis lors d'une réunion tenue cette semaine avec le directeur général d'Orascom ». 33 milliards de dinars de dettes Cette réunion a permis à l'opérateur historique et à Orascom de s'entendre pour « négocier dans le futur les contrats d'achat de matériel ensemble chez les fournisseurs pour bénéficier de rabais, vu le volume de leurs commandes cumulées ». Orascom assistera AT dans l'achat auprès du même fournisseur d'un système de facturation de l'interconnexion. A cela, les deux opérateurs se sont mis d'accord à partager le coût de certaines installations. La concurrence ne semble pas déranger l'ancien directeur des transmissions de l'ex-ministère de la Poste et des Télécommunications, « Pour 2006, le marché algérien des télécommunications est estimé à 200 milliards de dinars, nous n'en sommes qu'à 40% de ce chiffre », a-t-il estimé. Cela lui fera dire qu'« il y a de la place pour tout le monde ». Bien que reconnaissant qu'« Algérie Télécom ne sait pas vendre et que beaucoup de services existent, mais ne sont pas suffisamment promus », Brahim Ouarets promet que tout cela changera. Le PDG d'Algérie Télécom est revenu sur les dettes de son entreprise. Celles-ci sont de 33 milliards de dinars (22 milliards détenus par les banques et 11 par le Trésor public). « Ce n'est pas beaucoup pour Algérie Télécom », a déclaré Brahim Ouarets, qui a rappelé que les créances détenues par son entreprise sur ses différents clients étaient de 11 milliards de dinar sfin 2002. La relation avec le syndicat ne semble pas poser problème. Brahim Ouarets s'est même permis de répondre à une question à ce sujet par : « Demandez plutôt à M. Kabbani. » Une façon à lui de dire que chez Algérie Télécom, les employés ont leur syndicat d'entreprise et que chez l'opérateur mobile Orascom, ce n'est pas le cas. Les activités d'AT vont être centrées sur trois filiales : fixe et services pour entreprise, mobile et internet. Le bilan d'ouverture de Mobilis se fera vers la fin de l'année. Pour l'internet, Houria Atif a été désignée en tant que PDG de Djaweb (1515). Elle a annoncé qu'à partir d'hier Djaweb disposait de deux nouvelles liaisons à 34 mégabits auprès de France-Télécom et de Telefonica. L'optimisme affiché hier par le nouveau PDG d'Algérie Télécom sera jaugé et jugé à la réalité du terrain et des résultats à venir.