Algérie Télécom contrôle 51% du marché national des télécommunications, tous services confondus, devançant ainsi l'opérateur égyptien OTA avec 40% et la firme koweïtienne Wataniya qui ne détient que 9% du marché. C'est ce qui a été révélé, hier, lors d'une conférence de presse animée par le PDG de l'opérateur historique, Brahim Ouarets. La part du marché détenue par AT, faut-il préciser, comprend aussi bien la téléphonie, fixe et mobile, Internet et le VSAT que d'autres services des TIC. « La bonne santé de AT s'est concrétisée en 2005 par un chiffre d'affaires de 122 milliards de dinars, en hausse de 30% par rapport à 2004. » Nous sommes l'un des rares opérateurs publics de par le monde à réaliser un tel résultat », se félicite le PDG d'AT, précisant que le chiffre d'affaires consolidé en 2005 par son entreprise dépasse de 10 milliards de dinars ceux réalisés durant la même année par les trois opérateurs du mobile, à savoir Djezzy, Mobilis et Nedjma. Les objectifs que s'était fixés AT sont « globalement » atteints, « 91% de nos prévisions étant concrétisés », dira le patron d'AT. Pour M. Ouarets, 2005 a été l'année des nouveaux enjeux, à commencer par moderniser cette « entreprise commerciale, orientée exclusivement vers le client » qu'est Algérie Télécom. La composante humaine étant une priorité absolue, AT a procédé au recrutement de dizaines de cadres, principalement des ingénieurs en télécom, des économistes et des financiers. Et pour mieux affronter la concurrence, la troupe sera enrichie de spécialistes en marketing et accueil. « Ce sont de jeunes diplômés, les meilleurs de leur promotion, de l'Institut national du commerce », souligne Brahim Ouarets. « Nos effectifs d'encadrement sont actuellement de l'ordre de 16%. Nous allons porter ce taux à 25% pour être dans les standards internationaux », explique-t-il. Reprenant le langage des chiffres, M. Ouarets dira qu'en 2005 le parc des abonnés au fixe était de l'ordre de 3,2 millions dont 241 000 au WLL (sans-fil). « Nous avons enregistré un désabonnement dans la mesure où 400 000 usagers du fixe se sont rabattus sur le mobile. Les gens préfèrent s'acheter une puce à 250 DA, sans engagement ni abonnement, et ont ainsi la possibilité de recevoir des communications téléphoniques », ajoute le PDG d'AT, signalant que les moyens de l'entreprise en équipements, concernant le fixe, peuvent prendre en charge 4,2 millions abonnés dont 938 000 en système WLL. « Nous ne sommes pas le seul pays à connaître cet état de fait, au Maroc par exemple, le parc abonnés du fixe a été amputé de 50%, passant de 1,5 million à 800 000 abonnés. Le même phénomène a été également constaté en Pologne », explique Brahim Ouarets. Cet excédent (en lignes fixes) ne sera pas pour autant « stocké » indéfiniment, une offensive tous azimuts est prévue dans un « plan d'attaque », déjà ficelé dans les départements commerciaux de l'entreprise. Les autres « défis » que l'opérateur historique dit avoir relevés avec succès restent le développement du RMS (réseau multi-services), c'est-à-dire la large bande qui véhicule les services multimédias (téléphonie, voix IP, etc.). « Opérationnel depuis le 15 janvier 2006 avec un débit de 10 gigabits/s, le RMS verra sa force débitrice portée à 80 gigabits/s vers la fin du 1er trimestre 2006. » Le bilan d'AT fait ressortir, par ailleurs, la réalisation d'un réseau de 24 500 km en fibre optique, la solution de haut débit baptisée Fawri, le réseau e-gouvernement, permettant de connecter les 50 plus grandes institutions de l'Etat, et beaucoup de « cadeaux » aux ménages comme la suppression des frais d'accès au WLL ou les forfaits illimités et 7j/7 (1000 et 2000 DA) sur les communications à partir du fixe. Annonçant la filialisation de Djaweb (fournisseur d'accès à Internet) et ATS (Télécom Spatiales), « effective à partir du 1er janvier 2006 », le PDG de AT a indiqué qu'un nouveau système de comptabilité, dénommé SUBEX, est en passe d'être adopté par l'entreprise. « Cela pour éviter des litiges avec nos clients et les opérateurs », dit-il, en allusion à Djezzy dont le conflit en matière d'interconnexion dure depuis près d'une année. La « démocratisation » de l'internet est également au menu de 2006, puisque des cyberespaces, gérés par AT à travers l'ensemble des wilayas, proposeront un tarif de 20 DA l'heure. « Avec ce tarif, nous aurons rendu un service de qualité à notre jeunesse sans pour autant travailler à perte », signale AT, précisant que les coûts pratiqués par les cybercafés (70 DA l'heure) devraient être revus à la baisse « l'unité téléphonique n'étant facturée qu'au quart de sa valeur, soit 50 centimes ». L'emprunt obligataire, contracté par AT, était également au menu. « Sur les 40 milliards de dinars que compte engranger AT, nous avons récolté 6,5 milliards. Le reste fera l'objet de deux autres opérations, sous le contrôle de la COSOB, au courant de l'année en cours. 32 milliards de dinars iront dans les caisses de Mobilis pour les besoins de son développement », a indiqué M. Ouarets.