Ils rejettent ainsi la faute sur le Vieux Continent qui d'après eux, autant que les Japonais devraient «secouer leur système socialiste (et leur réglementation lourde) pour stimuler leur croissance». Depuis que l'euro a dépassé pour la première fois le seuil de 1,30 USD cette semaine, Américains et Européens s'agitent pour trouver des mécanismes pour mieux stabiliser le change, même si le secrétaire américain au Trésor John Snow exclut dans une déclaration lundi à Dublin une intervention pour soutenir la devise américaine qui évolue actuellement à son plus bas niveau historique face à l'euro. John Snow considère en effet que «la valeur du dollar doit être déterminée par le marché». Les Européens de leur côté, face aux tirs groupés des Américains, estiment que les Etats-Unis laissent filer délibérément le dollar pour combler des déficits géants. Ils se montrent plutôt sceptiques concernant les retombées de cette nouvelle donne de la parité du dollar et de l'euro. D'ailleurs, le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a jugé que les récents mouvements du marché des changes étaient «brutaux» et «pas les bienvenus». Les Européens ne comptent pas rester les bras croisés à en croire le ministre italien de l'Economie, Domenico Siniscalco, qui a évoqué une possible intervention coordonnée des banques centrales pour faire baisser l'euro. Les analystes partagés La communauté européenne craint que le niveau élevé de l'euro ne plombe les exportations et la croissance déjà faible de l'Union européenne. Le secrétaire américain au Trésor a nié les visées dont ils sont accusés en indiquant qu'«un dollar fort est dans l'intérêt des Etats-Unis». Pour lui, les Européens «doivent s'attaquer aux barrières structurelles qui restreignent le potentiel naturel de leur économie, ils doivent adopter l'esprit d'entreprise, baisser leur taux d'imposition, assouplir leur marché du travail, réformer leur système de retraite». Les grandes institutions internationales donnent raison aux Américains qui seraient victimes de la baisse de la croissance en Europe. S'exprimant sur le sujet, le directeur général du Fonds monétaire international (FMI), Rodrigo Rato, a déclaré récemment que «les gouvernements européens ont leur rôle à jouer dans la correction» des déficits américains en augmentant leur croissance. Il rejoint ainsi la Réserve fédérale américaine (Fed) qui s'est inquiétée de la faiblesse de la demande intérieure chez plusieurs grands partenaires commerciaux des Etats-Unis, jugeant que leur demande globale est alimentée principalement par les achats des Etats-Unis. Cela «contribue à une aggravation inquiétante des déficits commerciaux et courants», indique la même source. Les analystes sont partagés entre ceux qui estiment que cette situation était prévisible du fait que le but initial de l'euro était de devenir une monnaie de réserve et ceux qui attribuent l'échappée de la monnaie européenne face au billet vert à la conjoncture actuelle. Les analystes font également valoir que, face aux devises asiatiques comme le yuan chinois dont le taux de change avec le dollar est fixe, ce sont des devises flottantes, comme l'euro, qui absorbent la baisse de la monnaie américaine. David Gilmore, analyste de FX Analytics, remarque que «si les Etats-Unis n'économisent pas plus et si les Européens ne dépensent pas plus, alors c'est forcément les devises qui trinquent». Greg Anderson, analyste de ABN-Amro, affirme quant à lui que la hausse de l'euro depuis deux ans et demi était un ajustement nécessaire après l'éclatement de la bulle économique aux Etats-Unis.