L'opération résorption de l'habitat précaire menée à travers la wilaya n'a apparemment pas bénéficié aux cas les plus criards. C'est le cas, à El Maleh (Aïn Témouchent), de Rahal Nordine qui, depuis trente ans, vit avec sa famille de sept personnes, sans eau et sans électricité. Une nuit d'il y a cinq ans, il a du évacuer sa misérable masure inondée avec sa famille alors de cinq membres, pour passer, avec elle, la nuit, entassés dans les toilettes du haouch, un réduit un peu plus élevé que son gîte. Saïl Kouider, lui, est avec les siens dans ce taudis depuis 7 ans. Lui aussi, a vu maintes fois la police et la Protection civile débarquer les nuits de déluge. De nombreux rapports ont été dressés et des logements distribués sans rien pour eux. Il y a quatre années, dans un mouvement de rage par un jour de pluie et de gouttes dégoulinant du plafond, Kouider envoya paître la propriétaire venue récupérer le montant du loyer. Depuis, elle n'a plus réapparu. Belouadi Mohamed, lui, habitait avec sa mère au nom de laquelle était établie la location. Elle est morte sans avoir jamais eu droit à un toit décent. Sa première demande écrite date de 1994. Elle figure parmi un épais tas de correspondances des colocataires dont Mohamed est le détenteur attitré : « Il n'y a plus que Ba Ki Moon auquel nous n'avons pas écrit ». Mohamed, qui est un peu mieux loti que les autres, dispose d'un compteur électrique ainsi qu'un autre voisin. Ce sont eux qui alimentent les autres. Pourtant Sonelgaz l'interdit parce que cela représente un danger. Elle le sait mais ferme les yeux, ces clients clandestins ne peuvent justifier d'un document leur permettant de régulariser leur situation. Pour l'eau, malgré le risque des MTH, ceux qui disposent d'un branchement ADL, ravitaillent les autres. Ainsi, à l'intersection des rues Benbouha Saïd et Khoualef Chikh, 23 personnes survivent en cet hiver particulièrement froid et pluvieux dans un haouch en état de délabrement et d'insalubrité extrêmes.