Le Syndicat national des pharmaciens d'officine (SNAPO) menace de recourir à une grève nationale si le décret portant marges bénéficiaires n'est pas promulgué. Un ultimatum de deux mois a été fixé aux pouvoirs publics pour donner suite au projet de révision du texte, qui date de 1998, actuellement sur le bureau du chef du gouvernement, selon les ministères de tutelle. La dernière mouture rejetée par le syndicat et les opérateurs en pharmacie remonte à mai 2008, avant d'être gelée. Laquelle a été jugée inapplicable et catastrophique pour le pharmacien notamment. Dans une conférence de presse organisée hier à son siège à l'issue de la réunion du conseil national, le SNAPO a énuméré les réserves qu'il a émises à propos de cette mouture. Il évoque en premier lieu la marge de 17% concernant les produits coûtant plus de 600 DA. Si elle venait à être appliquée, elle serait fatale pour le pharmacien, a tenu à préciser le président du SNAPO, M. Abed, qui propose de revoir cette marge au minimum à hauteur de 20%. Pour lui, cette mesure menace sérieusement l'équilibre de l'officine parce qu'elle ne peut pas être adaptée à un commerce de détail. Le deuxième point concerne le service honoraire pharmacien (SHP) fixé entre 2 et 3 DA, que le SNAPO juge dévalorisant pour le pharmacien. « Une augmentation de 50 centimes est insignifiante au vu de toutes les augmentations des prix subies par le médicament depuis une dizaine d'années. » Concernant la promotion du médicament générique, M. Abed relève que le texte en question ne prévoit aucune mesure incitative pour l'encouragement du médicament générique, au contraire, le princeps et le générique sont mis sur le même pied d'égalité, a-t-il relevé. « Le snapo avait pourtant avancé un certain nombre de propositions universelles, qui allaient à coup sûr garantir la réussite de la politique du médicament générique en Algérie, telle que l'adoption d'un forfait par boîte, le principe du référentiel fixe ou des marges majorées en faveur du générique. » La dernière réserve concerne les mesures fiscales promises par les pouvoirs publics. Le Snapo regrette que ce projet de décret ne prévoie aucune mesure fiscale « pour aider le pharmacien face à toutes les difficultés financières, d'autant qu'il est le pilier central de la politique sociale, surtout son engagement dans le système du tiers payant et les risques de gestion directement liés au conventionnement », a-t-il ajouté, tout en indiquant qu'actuellement, c'est le flou total à propos de ce dossier. Le Snapo regrette que les instructions du président de la République du 15 septembre 2008 concernant l'encouragement de la production nationale et la mise en place de mesures incitatives en faveur du pharmacien soient restées lettre morte. Devant un silence de plusieurs mois, malgré ses sollicitations des ministères de tutelle (Commerce, Santé, Travail et Sécurité sociale, Finances), le snapo a décidé de saisir, le 21 janvier dernier par une correspondance, le président de la République à propos de ce dossier. Le chargé de la communication, M. Belmabri, n'a pas maqué de souligner que le syndicat des pharmaciens a pourtant accompagné toutes les « réformes » mises en place, en l'occurrence la promotion du générique, la carte Chifa, le tarif de référence. « Nous avons consenti d'énormes sacrifices », a-t-il déclaré, avant de souligner que « sans les marges bénéficiaires, tous les mécanismes mis en place seront dépassés et inapplicables », a-t-il déclaré. Le président du snapo a évoqué le décret du tiers payant et les propositions faites par son syndicat. Il est question de la révision des payements fixés à une semaine au lieu d'un mois, la protection du pharmacien contre la résiliation abusive, l'instauration de mesures incitatives pour encourager le générique et un statut administratif pour les commissions paritaires.