Lors de la journée d'information et de sensibilisation contre le travail des enfants, aucun chiffre n'a été communiqué. Les intervenants, ainsi que l'assistance n'ont pas manqué d'en faire le constat. Comment peut-on comprendre, informer et sensibiliser sur un phénomène et identifier son ampleur sans le quantifier ? Car, son identification permettra une meilleure prise en charge sociale et psychologique, à même d'aider cette frange vulnérable. Le directeur de l'action sociale de la wilaya de Tizi Ouzou dit qu'il n'y a pas d'étude approfondie de ce phénomène en Algérie. Ce qui veut dire, en décodé, qu'aucun effort n'a été fait pour établir une banque de données chiffrée dans le domaine de la lutte contre le travail des enfants. En dehors des efforts de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (FOREM), à quantifier le fléau à l'échelle nationale, le Centre spécialisé de rééducation (CSR) de Boukhalfa avance un chiffre de 46 enfants (6-18 ans) qui ont déclaré avoir travaillé. L'inspection de travail, par la voix de son représentant, s'est contentée d'énumérer les droits des enfants, la peine infligée aux employeurs d'enfants. La direction du commerce, qui dispose de brigades d'inspection, n'a pas fait mieux. Autrement dit, les autorités se sont-elles intéressées à se pencher réellement sur ce dossier ? Outre le chiffre du CSR qui ne reflète aucunement la réalité du terrain, il suffit de vadrouiller dans les artères de la ville pour apercevoir des dizaines de gamins, vendeurs de cigarettes et de pièces détachées dans l'informel. Il suffit, pourtant de se rendre dans une décharge à ordures pour se rendre compte de l'ampleur du phénomène qu'est le travail des enfants. Ils sont, en effet, des dizaines d'enfants à l'âge d'aller à l'école qui triment dans les dépotoirs à la quête d'un quelconque objet ou matériau pouvant rapporter quelques dinars, afin de nourrir leur famille. Mais il n'échapperait à personne que des adultes encouragent et profitent de leur vulnérabilité pour les faire travailler à moindre coût. Cela dit, la loi est-elle assez persuasive ? Non. Que représente 2000 DA d'amende contre un employeur qui exploite un enfant ? Même s'il récidive, c'est 2 mois de prison ferme. C'est l'équivalent des vacances d'été pour un écolier.