Les initiatives publiques à l'échelle nationale et locale ne sont pas assez vulgarisées, selon les experts. Il existe des sujets encore tabous et certains milieux estiment qu'on ne peut communiquer sur tout. Les institutions publiques communiquent mal même si une grande avancée a été constatée en la matière. Du moins c'est ce qui ressort de la communication de Saïd Chebbine, consultant et formateur, présentée lors des 4e journées euro-maghrébines de la communication publicitaire. Il estime néanmoins que les pouvoirs publics sont de plus en plus conscients de l'importance de cet aspect. « Les entreprises privées ont trouvé d'instinct le chemin vers la publicité vive. Ce n'est pas le cas des pouvoirs publics, mais les choses commencent à changer », a relevé M.Chebbine. « Avant, on pensait que la communication publique, c'étaient des injonctions, des ordres et des appels rigoureux », a-t-il souligné, en citant l'exemple des campagnes de sensibilisation pour la vaccination. La communication est déterminante pour faire passer un message, a-t-il signifié. « Pendant les années 1980, on a constaté une baisse de la mortalité des nourrissons et infantile, car auparavant, les mères et grands-mères pensaient que les enfants atteints de diarrhée ne devaient pas boire d'eau. Elles ont été sensibilisées grâce à des films publicitaires », a-t-il noté. Les institutions publiques ont opté pour une autre approche en communication, car « les individus ne sont plus considérés comme des sujets mais des citoyens », a expliqué le conférencier. « Il y a 15 à 20 ans, les Assemblées populaires communales (APC) n'avaient pas de chaises. On ne distinguait pas entre les guichets tant leur mission n'était pas explicite. Maintenant, on trouve même des écriteaux sur lesquels sont mentionnés les documents à fournir », a-t-il ajouté. Malgré cette évolution, une certaine mentalité subsiste chez certains responsables pour lesquels « communication égale faiblesse ». Il existe aussi des sujets encore tabous et certains milieux estiment qu'on ne peut communiquer sur tout. « Il y a trois ans, une formation a été organisée au profit de la Police nationale. Quelque temps après, cet organisme a rendu publics des chiffres parmi lesquels ceux concernant les enfants victimes de violence. Pour certains, ce genre d'informations ne doivent pas être communiquées, car elles donnent une mauvaise image du pays. Or, c'est au contraire en donnant ces chiffres qu'on améliore notre image de marque », fait remarquer M. Chebbine. L'exemple de la police reste cependant l'exception qui confirme la règle si l'on tient compte du constat de cet expert qui relève que « la plupart des institutions publiques restent encore muettes ». « Souvent, elles n'ont pas de brochures qui les présentent. Elles n'ont pas de site internet sinon elles sont squelettiques », a-t-il observé. M.Chebbine se montrera également critique quant aux politiques publiques à l'échelle locale ou nationale qui ne sont pas, selon lui, assez vulgarisées. Il en veut pour preuve au dispositif de crédit immobilier à taux bonifié. « Il n'est pas clair », a-t-il commenté. Il en est de même pour les mégaprojets pour lesquels des sommes colossales sont engagées sans que le grand public n'en soit informé des détails. « Il m'a fallu emprunter l'autoroute Est-Ouest pour comprendre son tracé », a-t-il ironisé. D'après lui, ces lacunes sont à mettre sur le compte des chargés de la communication de ces institutions. « Il y a entre 250 et 300 chargés de la communication dans les différentes institutions publiques, les ministères, la police, la Gendarmerie, les collectivités locales, etc. C'est l'équivalent de la rédaction d'un grand journal. C'est une véritable armée mais elle est peu efficace », a-t-il regretté.