Ali Gherbi, figure en vue des archs et porte-parole de la Coordination intercommunale de Béjaïa, monte au créneau pour rejeter officiellement le dialogue ouvert vendredi 14 janvier entre le gouvernement et une délégation des archs conduite par Belaïd Abrika. M. Gherbi explique ce rejet par le non-respect des délégués, partis dialoguer avec le gouvernement, des principes directeurs du Mouvement. « La règle voudrait bien que les coordinations de wilaya tiennent leur conclave pour savoir ce que pense leur base et se positionner en fonction de la volonté de celle-ci. Ensuite, aller vers un conclave interwilayas pour définir la feuille de route et désigner la délégation qui ira rencontrer le chef du gouvernement. Or cette poignée de délégués a fait dans la précipitation. Les compagnons d'Abrika ont fait fi du modèle de fonctionnement au sein du mouvement, qui est horizontal », souligne-t-il dans une conférence de presse animée hier au siège du Soir d'Algérie à la maison de la presse à Alger. M. Gherbi avait, rappelle-t-on, pris part au premier round en janvier 2004. Round qui a achoppé sur le point relatif à l'officialisation de tamazight. Cette fois-ci, sans oser qualifier de traître l'équipe qui mène le dialogue, ce délégué d'El Kseur refuse de rejoindre la table des négociations, même si son nom figure sur la liste des négociateurs. « Je ne suis pas contre le principe de la reprise du dialogue. J'étais même le premier à l'applaudir, mais nous, moi et les autres délégués de Béjaïa, avons demandé à ce que le gouvernement nous accorde un peu de temps, ce qui n'était pas fait. Et si nous avons besoin de temps, c'est justement pour donner la parole à la population de la région pour mandater les délégués qu'elle veut. Je ne peux pas m'engager dans des discussions sur l'avenir de toute une région sans avoir l'aval de la population concernée », souligne-t-il. Ainsi, M.Gherbi n'y est pas allé de main morte pour prédire l'échec de ce dialogue. « Ce dialogue n'ira pas loin et ne réglera pas la crise, s'il ne sert pas à attiser le brasier », déclare-t-il, avant d'interpeller le gouvernement et le groupe des négociateurs pour les mettre en garde sur les conséquences d'une telle démarche. Selon lui, Ahmed Ouyahia connaît les divergences qui divisent les délégués du Mouvement, mais il accepte de prendre langue avec cette délégation, sans tenir compte de ce que cela pourrait engendrer dans les prochains jours. « Une telle position et la rapidité avec laquelle les délégués ont été désignés laissent penser que le chef du gouvernement aurait choisi ses interlocuteurs », estime-t-il. Dans la foulée, M. Gherbi dit ne pas trop croire aux promesses du chef du gouvernement. Il considère ainsi que si le pouvoir a réellement la volonté d'en finir avec la crise de Kabylie, il aurait pu mettre en application les points contenus dans le protocole d'accord qui a été signé en janvier 2004, comme préalable à l'ouverture du dialogue sur la mise en œuvre de la plate-forme d'El Kseur. Or, selon lui, aucun point des six incidences n'a été satisfait. Incidences qui ont trait à la défiscalisation des commerçants pénalisés par les événements du printemps noir, à la révocation des élus issus des élections législatives et locales de 2002, à la prise en charge du contentieux avec Sonelgaz. Exigeant l'arrêt de ce processus de dialogue, M. Gherbi menace, dans le cas contraire, de relancer la protesta. Comment ? Il parle d'un conclave interwilayas qui sera convoqué dans les prochains jours.