«S'il y a une résolution qui risque de mener le mouvement à une impasse, je n'hésiterai pas à demander son abrogation.» Ali Gherbi qui a pris ses distances par rapport aux délégués qui ont participé au dialogue avec le gouvernement, a multiplié les sorties médiatiques. Dans une série d'entretiens, le délégué d'El-Kseur appelle à la relance du processus. Ces appels, lancés avant même que l'interwilayas ne tranche sur la question, étonnent nombre de ses camarades du mouvement citoyen. Alors que le porte-parole de la délégation, Belaïd Abrika, a annoncé l'échec des pourparlers, Ali Gherbi déclare que «le dialogue continue et personne ne pourra l'arrêter, y compris le pouvoir en place». Il estime que le processus sera relancé à travers une solution médiane qui consiste à intégrer tamazight comme langue officielle dans le cadre d'une révision globale de la Constitution. Interrogé par L'Expression sur ce point précis, Abrika préfère plutôt parler d'une nouvelle Constitution. Tout en soulignant que le mandat de la délégation a expiré, Abrika dira: «On verra à l'interwilayas.» Par rapport justement aux prérogatives de ladite délégation, le délégué d'El-Kseur apporte une précision qui se veut de taille: «La délégation a la prérogative d'arrêter le dialogue et non pas de mettre fin au processus.» L'autre point qui pousse Gherbi à se démarquer de la délégation est relatif au rejet de la présidentielle annoncé par Abrika après avoir quitté le Palais du gouvernement. Si pour ce dernier, cette décision a été entérinée par l'interwilayas de Tizi Rached, Gherbi, quant à lui, indique qu'il est trop tôt pour parler de rejet des élections. Justifiant son opinion, notre interlocuteur explique: «Durant les 57 jours qui nous séparent du scrutin, les choses peuvent évoluer dans le bon sens. De plus, nous ne connaissons pas encore les candidats à ce scrutin». Il est à rappeler que le mouvement citoyen a adopté, dès sa naissance, une résolution du rejet de toute élection avant la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur. Pour Gherbi, «s'il y a une résolution qui risque de mener le mouvement à une impasse, je n'hésiterai pas à demander son abrogation». Cela dit, la structure horizontale du mouvement n'a pas que des avantages. Si cette stratégie constitue un garde-fou contre toute velléité de leadership, elle plonge, par contre, le mouvement dans une démocratie inefficace. A chaque rendez-vous décisif, les travaux des conclaves s'étalent sur des journées pour arriver à un consensus. L'interwilayas de demain ne va pas échapper à la règle. L'enjeu du dialogue et, par ricochet, le scrutin du 8 avril, promet des débats passionnés voire houleux.