C'est le cri d'alarme lancé par une délégation de pêcheurs de Souk El Tenine (SET) qui a tenu à se présenter à notre rédaction pour attirer l'attention sur sa situation. Selon M. Boudjadja Saddek, le président de l'Association des pêcheurs de cette commune, si la formation de pêcheurs qualifiés continue ainsi à être négligée, il n'y aura plus de production d'ici quelques années. Depuis la fermeture de l'école de mousses, sise au niveau de la Brise de Mer au début des années 90, des stages au rabais sont organisés dans un centre de vacances désaffecté de Tichy. Selon nos interlocuteurs, contrairement à l'atelier de pêche du CFPA de Melbou, qui n'est pas utilisé actuellement, celui de Tichy ne répond guère aux normes pédagogiques et souffre d'un manque d'embarcations et de matériel. De plus, les deux mois de stage sont passés de 3500 DA, pour la promotion, à 5000 DA pour la deuxième. « Organiser des stages sans matériel pédagogique, c'est vendre des diplômes et non pas offrir des qualifications », soutient M. Boudjadja. Outre le problème de formation, l'Association des pêcheurs de SET réclame une plage d'échouage équipée d'un treuil et de chambres froides dans un site de la côte est. En effet, lors d'une mission de reconnaissance, huit endroits propices à l'établissement d'une plage d'échouage ont été présélectionnés. Lota I, Aokas, Tassift à Tichy, El Maghra à Boukhelifa, les Falaises à Melbou tandis que l'Association des pêcheurs a jeté son dévolu sur la plage de Sahel à Souk El Tenine qui est protégée aussi bien à l'est qu'à l'ouest. « Malgré la nouvelle politique gouvernementale en matière de ressources halieutiques, on ne voit rien venir pour la côte est. Tout va vers la côte ouest », disent les pêcheurs. En outre, les hommes de la mer tiennent également à tirer la sonnette d'alarme en ce qui concerne les difficultés qu'ils rencontrent à lever des crédits auprès des banques et ce, malgré les instructions de la tutelle. La pollution des cours d'eau comme celui d'Agrioune et la pêche anarchique constituent également des sujets de vive inquiétude de ces professionnels. L'un des indices de l'état de gravité du phénomène de pollution liée aux rejets des déchets industriels est que le port de Béjaïa est aujourd'hui déserté par les oursins alors que la sardine béjaouie, réputée pour sa qualité auprès de tous les amateurs, a tendance à se faire de plus en plus rare, voire à disparaître complètement. Les pêcheurs suggèrent l'établissement de bassins de reproduction pour permettre aux ressources halieutiques de se régénérer plutôt que d'importer du poisson congelé de Nouvelle-Zélande ou d'ailleurs. Les membres de l'Association des pêcheurs professionnels tiennent à rappeler qu'ils ne sont pas invités quand il y a des événements liés à leur secteur telles les conférences ou les visites ministérielles. En outre, après avoir frappé à toutes les portes des autorités, leurs démarches et les promesses qu'on leur a faites sont restées vaines.