Les dissensions persistent au sein du FLN. Depuis le départ de Ali Benflis, le 19 avril dernier, après avoir remis son mandat au comité central issu du septième congrès, le FLN patauge dans une autre crise. Celle-ci déchire le « mouvement de redressement ». Le désaccord est apparu publiquement le 5 juin dernier, à l'occasion de la cérémonie ayant précédé l'installation officielle de la commission nationale chargée de la préparation du congrès réunificateur, le huitième. Lors de cette cérémonie, nombre de militants avaient contesté les procédés de la sélection de la composante de cette commission, pointant du doigt les figures en vue du mouvement de redressement. Ces militants avaient accusé M. Belkhadem et ses compagnons d'avoir reproduit les mêmes erreurs que celles commises par l'ex-secrétaire général, Ali Benflis. Abdelaziz Belkhadem, président de la commission nationale, dans une tentative de minimiser la crise qui commence à s'installer, avait dit qu'il s'agissait d'« un malentendu », promettant de remettre tout en ordre. Près de deux mois plus tard, la crise s'amplifie. Le débordement a bien eu lieu le 27 juillet dernier, date de l'installation des cinq sous-commissions. La colère avait gagné les esprits des militants dont les noms ne figuraient pas dans ces structures. Mais ce n'était que le point de départ d'un mouvement de contestation qui a fini par se propager au fil des jours pour devenir une véritable dissidence. Dissidence qui conteste les pro-Benflis siégeant dans la commission nationale de préparation du congrès rassembleur (le huitième congrès organisé en mars 2003 a été annulé après une décision de justice). Les contestataires exigent de M. Belkhadem d'écarter ces personnes des postes de responsabilité. Lors d'une réunion informelle, tenue le 12 août dernier à Oran, ils ont appelé M. Belkhadem à revoir son choix et à respecter la volonté de la base. Car, selon le porte-parole du mouvement, Tayeb Yenoun, la base du parti ne veut pas qu'on associe à l'organisation du congrès ceux qui étaient auparavant avec Benflis. Le plan d'action Déterminés à aller jusqu'au bout, ces contestataires ont créé une structure appelée « le mouvement des coordinateurs libres », qui a vu le jour vendredi 20 août. Avant de donner naissance à ce mouvement, la déclaration d'Oran avait annoncé la création d'une cellule de crise qui a pris attache avec les cadres du parti en vue de les convaincre de la justesse de leurs revendications. Cette cellule poursuit toujours son travail, selon Tayeb Yenoun. Le mouvement des coordinateurs libres a demandé à M. Belkhadem une audience, le 17 août dernier, à laquelle le concerné n'a pas encore répondu. Les artisans de ce mouvement de contestation se préparent à la rencontre de Tizi Ouzou, gardant une oreille attentive sur toute réponse ou réaction de M. Belkhadem, qui est, selon les deux parties en conflit, en congé. Les compagnons de M. Yenoun ont mis en place un plan d'action répondant à toutes les éventualités. « Consensus ou non, la réunion de Tizi Ouzou est maintenue », précise le porte-parole du mouvement. Ainsi, les contestataires procéderont à la mise en place d'une commission nationale parallèle chargée du congrès au cas où les deux parties ne se seraient pas entendues d'ici là. Ils éliront leurs congressistes et iront dans ce cas de figure au même congrès rassembleur pour imposer leur liste.