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Méditerranée
Publié dans El Watan le 13 - 11 - 2005

Aujourd'hui, dix ans bientôt après la ratification du processus de Barcelone et à la lumière du colloque euroméditerranéen qui s'est tenu à Marseille les 17 et 18 octobre dernier, quelle évaluation pouvons-nous faire par rapport aux objectifs en vue d'édifier un ensemble dynamique portant haut les valeurs des pays riverains au sein de la mondialisation ? Pour dire les choses, la CMA n'a pas été mise en place contre quelque chose ou quelqu'un, mais dans le but d'une recherche de nouvelles formes de relations entre les personnes, les peuples et les Etats de la Méditerranée. Son objectif était d'établir un forum de dialogue et de débat qui rechercherait les points communs, pour discuter ensuite, partant de l'identité partagée et dans un climat caractérisé par la réciprocité et le respect mutuel, des différences et des points de vue commun ou divergents. D'un point de vue descriptif, c'est un espace pluriel, hétérogène et en même temps unitaire. Comme on l'a dit, l'objectif ultime de la CMA était de contribuer au processus de réinvention de la Méditerranée, construire un espace d'authentique coopération et de solidarité. Pour ce faire, en accord avec les débats et les idées, on peut conclure, à mon humble avis, comme diagnostic général qu'il était et qu'il est aujourd'hui nécessaire de lutter contre trois obstacles :
A) un mur invisible qui semble se dresser peu à peu, grâce à la répétition d'un discours fallacieux, dans de nombreux esprits occidentaux, obstinés à définir l'Europe par exclusion et à interpréter comme des menaces de sécurité, ce qui n'est que défis ou problèmes sociaux et économiques des pays de la zone sud et est de la Méditerranée , un mur qui parfois renvoie aussi sa propre image dans certains esprits du monde arabe. Un mur donc qui rend difficile la libre circulation des idées.
B) Une muraille d'exclusion, un «Bunker de bien-être» qui, moyennant des législations et des politiques discriminatoires, des interprétations restrictives du concept de «réfugié», des pratiques de contrôle policier inacceptables ou des instruments de force militaire (politique de défense et de sécurité réorientée vers le Sud, création de forces d'intervention rapide composée d'un ou de plusieurs Etats) qui prétendent restreindre la libre circulation des personnes entre les deux rives de la Méditerranée, et ce, dans la vaine perspective de présenter des privilèges socioéconomiques.
Pour la première fois, l'Union européenne aura explicitement la compétence de «définir et de rendre effective une politique étrangère et de défense commune, incluant la construction progressive d'une défense commune» (article I -12 paragraphe 4 du Traité constitutionnel européen). D'ailleurs, même si cette Constitution européenne est présentée comme protégeant les droits de l'homme, les aspects les plus significatifs sont ailleurs. Cette Constitution marque la militarisation de l'Union européenne, emmenée par les trois géants de l'armement que sont l'Angleterre, l'Allemagne et la France. Ce projet est unique du fait de l'aspect spécifique qu'est l'inclusion d'un engagement constitutionnel pour l'armement, «les Etats membres devront prendre en charge l'amélioration progressive de leurs capacités militaires» (Article I-40, paragraphe 3). De même, que reflétant la doctrine de George W. Bush sur la guerre préventive, le document de Solana continue ainsi «avec les nouvelles menaces, la première ligne de défense sera souvent à l'étranger (…) nous devrons être prêts avant qu'une crise n'éclate». Dans le futur, l'Union européenne, comme les Etats-Unis, veut être capable d'intervenir, au regard de ses intérêts, quand elle veut et où elle veut. Il n'y a aucune différence sur le fond entre les USA et l'UE, quant à cette politique guerrière jusqu'au-boutiste ; seuls les termes quantitatifs diffèrent.
C) La considération magique et irréelle que la solution consiste à parier une fois de plus, sur le libre commerce à l'occidentale. La dernière proposition consiste à créer une autoroute vers le libre commerce qui plonge ses racines dans la pratique de 20 ans de politiques méditerranéennes de la communauté européenne et de ses Etats membres. Certainement, cette «autoroute» n'allait pas résoudre même si elle était construite avec toutes les garanties, l'inégalité profonde qui sépare le nord du sud.
Pour tout dire en extrapolant, quelques mots prononcés lors d'une assemblée à propos des racines de l'aide officielle au développement, mais qui servent aussi à évaluer la persistance d'une philosophie de fond : La proposition des pays du Nord (lire par exemple l'accord d'association méditerranéenne) est le rejeton d'un père impérialiste occidental et d'une mère missionnaire chrétienne ; ce qui fait que l'enfant a hérité des traits de caractère de chacun des deux. Coopérer au contraire doit vouloir dire ce que son étymologie indique «agir conjointement», et cela devient impossible si on ne parcourt pas conjointement, avec des moyens de codécision, la totalité du chemin : le diagnostic, la visualisation, est la mise en priorité des objectifs, la décision sur ceux qui vont s'appliquer et dans quel ordre et selon quel rythme, la création des instruments d'application et de suivi, l'application, l'évaluation des résultats et l'éventuelle correction du cap, ce n'est qu'ainsi que l'on pourra parler de coopération et donc de volonté réelle de codéveloppement. En tenant compte du fait que les problèmes sont globaux et multiples, on doit chercher des réponses globales. Il ne sera pas possible d'articuler un espace de coopération sur le bassin méditerranéen si on essaie de l'articuler exclusivement autour de l'axe du livre commerce ou de la dimension strictement économique. La paix et le développement de la région exigent une vision plus large, capable d'intégrer de façon prioritaire des éléments politiques, culturels et sociaux. Par exemple, il faut aborder le thème de la sécurité d'un point de vue multidimensionnel, étant donné que le concept de sécurité, inclut nécessairement le développement économique et social, la participation du citoyen, la démocratisation de la vie politique, une plus grande équité et le respect des différences culturelles et des droits de l'homme. En ce qui concerne la genèse, il est nécessaire de prendre en considération le bilan de plus de 20 ans de politique méditerranéenne de la CEE vis-à-vis des pays tiers méditerranéens, un bilan clair et concluant :
1) résultats rares et médiocres ;
2) Cadres différents et, parfois, contradictoires pour des actions bilatérales.
3) Interprétation restrictive et paternaliste de la notion de «coopération» et des politiques du même nom.
4) Incapacité d'attirer des investissements privés vers le bassin méditerranéen.
5) Restriction constante des éventuels avantages de l'accès préférentiel des produits agricoles et industriels du Sud.
6) Marque de volonté et de moyens d'un authentique «codéveloppement».
7) Inefficacité de la coopération financière en termes d'incidence réelle sur l'amélioration de l'économique et des conditions sociales des pays méditerranéens. Les résultats (endettement croissant, taux de chômage, pénurie pour la population…) semblent s'acheminer dans le sens contraire, de celui qu'on pouvait espérer d'un point de vue global.
Beaucoup de choses restent à faire. La distance entre textes et volontés semble bien grand. Si l'objectif général consiste à faire du bassin méditerranéen une zone de dialogue, d'échanges et de coopération garantissant la paix, la stabilité et la prospérité, il n'en demeure pas moins qu'il conviendra d'identifier les lacunes. On demande aux pays méditerranéens d'ouvrir et de libéraliser leurs économies, mais l'UE ne semble pas disposée à une ouverture équivalente dans un secteur aussi crucial que l'agriculture. Le renforcement de la démocratie et le respect des droits de l'homme, la lutte contre la pauvreté et la promotion d'une meilleure compréhension entre les cultures sont également autant d'éléments essentiels du partenariat, qu'il faudrait traduire dans les faits d'une manière concrète, ce qui signifie que les pays riverains doivent devenir des sociétés paisibles, libres, démocratiques et créatives de richesse, dont les populations se comprennent et se respectent. La seule recette pour cela est le dialogue.
(*)L'auteur est Docteur en économie industrielle -AïnDefla.


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