L'Algérie n'a finalement pas tardé à afficher son soutien à l'avènement d'union méditerranéenne, un projet initié et bien affectionné par le président français Nicolas Sarkozy. Après une série de rencontres vendredi dernier avec des responsables au sein de l'Union européenne (UE), Mourad Medelci a bien exprimé devant une cohorte de journalistes à Bruxelles le vœu de l'Algérie de voir ce projet se concrétiser. Selon lui, Alger est favorable à cette initiative méditerranéenne dans le sens où celle-ci vise à régénérer les cadres de coopération existants, comme le processus de Barcelone. Le chef de la diplomatie algérienne juge « évident » que le gouvernement algérien soit d'accord, si ce projet consiste à initier des projets de codéveloppement méditerranéen. Le ministre des Affaires étrangères estime que ce projet de création d'un espace méditerranéen commun a déjà suscité l'intérêt de plus d'un pays, arguant avoir perçu lors de la conférence ministérielle euroméditerranéenne, tenue en début de semaine à Lisbonne, plus d'avis favorables que de critiques. Pour contribuer à la réussite de cette initiative, M. Medelci appelle à « une approche proactive » des pays du sud de la Méditerranée, particulièrement les pays membres de l'Union du Maghreb arabe (UMA), à savoir l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie. Cela en vue d'apporter quelque chose pouvant contribuer à la bonne construction de ce projet. M. Medelci a annoncé dans ce sillage que les ministres des Affaires étrangères de l'UMA ont convenu d'inscrire ce point à l'ordre du jour de leur prochaine réunion le 30 novembre à Rabat. Il a parlé par la même occasion d'un commun accord entre les ministres des Affaires étrangères de l'UMA et les responsables de l'UE pour l'institutionnalisation de ces rencontres, et ce, sous le format ministres des Affaires étrangères de l'UMA et troïka européenne. Insistant sur cette perspective d'union méditerranéenne, M. Medelci affirme considérer une telle initiative comme plutôt un autre moyen de renforcer les liens existants entre l'espace économique européen et les pays de la rive sud de la Méditerranée. Cette idée de l'union autour du bassin méditerranéen ne constitue nullement à ses yeux une quelconque remise en cause du processus de Barcelone, encore moins de la politique européenne de voisinage. L'intérêt de l'Algérie, selon lui, est tout ce qui sert les intérêts de la région. « Le processus de Barcelone a bien révélé que si chacun a compris qu'il a intérêt à être partie prenante, le projet marchera », a-t-il relevé avant d'inviter tous les pays concernés à réfléchir durant les mois qui viennent pour approfondir ce projet. Il trouve que « l'appellation d'union méditerranéenne pourrait bien aussi se transformer pour mieux couvrir cette envie de travailler davantage entre partenaires d'abord soucieux de protéger une mer commune des agressions écologiques et surtout codévelopper l'ensemble de cette zone ». Affichée durant sa campagne électorale en avril dernier, l'idée d'une union méditerranéenne telle que perçue par le président français est de créer une coopération sur des projets concrets entre les Etats du pourtour méditerranéen, à l'image de ce qu'avaient fait les Européens avec le charbon et l'acier dans les années 1950. Une première rencontre entre les chefs d'Etat du pays des deux rives de la Méditerranée est prévue en juin 2008. En attendant, nombreux sont ceux qui affichent du scepticisme quant au succès d'une telle démarche.