Djamila Ben MohamedDepuis le 8 du mois en cours se tient au complexe culturel Laâdi Flici une exposition de peinture à laquelle prennent part 42 plasticiennes algériennes, toutes générations confondues. L'exposition s'étendra jusqu'au 22 de ce mois. Elle est dédiée à l'artiste peintre Djamila Ben Mohamed, une des premières plasticiennes algériennes. Les compositions présentées au public reflètent plusieurs genres : l'abstrait, le figuratif, la nature morte, l'expressionisme entre autres. En résumé, Abla Rateb, dans ses deux toiles Préparation de couscous, Travail de tapisserie, interprète des scènes de la vie quotidienne du monde féminin usant de tracés en profondeur et de couleurs sobres. C'est ce qui ressort aussi de la toile de Barbara Amokrane Travail de poterie. Djahida Houadef dans Déesses des fleurs, avec son jeu polychrome traduit des états d'âme. Halima Lamine, privilégie l'expression à travers Linceul, Cendre et Dépressif. Les trois tableaux ont comme dénominateur commun la figure. Une figure intériorisée pour être projetée transgressée de par la sensibilité et l'imagination. Ces deux tons sont traduits aussi par les couleurs, qu'elles soient ternes ou chaudes. C'est presque la même vision qui se dégage des toiles de Zahia Kaci, Humilité et Obstacle de vue. Nadia Dehal met en lumière des portraits de femmes avec ces signes qui rappellent les traditions et nous renvoient ainsi à la mémoire. C'est ce que reflètent ses compositions : Algéroise, une femme habillée en haïk avec, en arrière-plan, l'espace de La Casbah que le regard reconnaît de par son aspect architectural. Targuia est cette femme du Sud jouant de l'imzad, instrument de musique targui. Il est monocorde. On le fabrique à l'aide d'une demi-calebasse ou d'une écuelle en bois recouverte d'une peau de bouc, d'un manche et d'une corde en crin. L'instrument en question est éphémère car, une fois la fête ou la cérémonie terminée, ses éléments constitutifs retrouvent leur fonction première, à savoir celle d'ustensiles domestiques. Paysages et architecture ancienne sont projetés dans Sud de Boussaâda et Sud de Berriane de Malika Garni. Celle-ci compose aussi Nature morte. Notons que l'artiste designer Djamila Ben Mohamed, pour qui cette exposition est dédiée en guise d'hommage, fait partie des doyennes algériennes en matière picturale avec Souhila Belbahar, Baya Mahieddine et Aïcha Haddad. Née le 9 avril 1933 à La Casbah d'Alger, elle fait ses études à l'Ecole des beaux-arts d'Alger de 1953 à 1954 et après l'indépendance de 1964 à 1967. Elle poursuit ses études à l'Académie Ritveld à Amsterdam en dessin industriel et à l'Ecole supérieure des arts et métiers à Paris en esthétique industrielle. Elle enseigne à l'Ecole des beaux-arts d'Oran et travaille comme dessinatrice dans plusieurs entreprises comme Sonatrach et Sonelgaz. Elle expose en Algérie, Tunis, Beyrouth, Pékin, Tokyo, Ankara, à Koweït et en Italie. Elle obtient le grand prix de la peinture de la ville d'Alger en 1975, 1980 et 1983.