La Russie pourrait à l'avenir utiliser des bases aériennes à Cuba et au Venezuela pour ses bombardiers stratégiques, a indiqué hier un haut responsable militaire, de quoi contrarier Washington au moment où les Etats-Unis espèrent réchauffer leurs relations avec Moscou. « C'est envisageable avec Cuba », a déclaré le chef d'état-major des forces aériennes stratégiques russes, le général Anatoli Jikharev, cité par l'agence Interfax. « S'il y a, de la part des dirigeants des deux Etats, une volonté politique, nous sommes prêts à y voler », a-t-il dit, alors que les relations entre les deux alliés de la guerre froide se sont réchauffées et que le leader cubain Raul Castro a effectué le mois dernier une longue visite à Moscou. « Il y a quatre ou cinq aérodromes avec des pistes de 4000 mètres de long qui nous conviennent très bien », a encore relevé le général. Par ailleurs, le président vénézuélien, Hugo Chavez, bête noire des Américains, a offert à la Russie d'accueillir des bombardiers stratégiques russes sur son territoire, a-t-il indiqué, toujours selon Interfax. « Oui, une telle proposition du président du Venezuela existe. S'il y a une décision politique appropriée, c'est possible », a-t-il affirmé. L'aérodrome local devra être rénové avant de pouvoir accueillir les avions russes, a-t-il cependant précisé. Il a d'ailleurs laissé entendre que les avions russes se contenteraient d'y faire escale, la Constitution vénézuélienne interdisant l'établissement de bases militaires relevant d'Etats étrangers sur le territoire national. Le format serait donc plutôt : « On atterrit, on achève le vol et on repart », a-t-il dit. Le Venezuela et la Russie avaient déjà mené à la fin de l'année 2008 des manœuvres navales communes en mer des Caraïbes, une zone traditionnellement considérée comme le pré carré des Etats-Unis. Cette opération, un événement inédit depuis la fin de la guerre froide dans la région, avait mobilisé quatre navires russes, dont le croiseur à propulsion nucléaire Pierre Le Grand, et trois frégates vénézuéliennes. Les déclarations du général russe interviennent quelques semaines avant la première rencontre entre Barack Obama et son homologue russe Dmitri Medvedev, prévue le 1er avril à Londres en marge du sommet du G20 sur la crise économique et financière mondiale. Ces dernières années, le projet de bouclier antimissile américain en Europe de l'Est et l'extension de l'Otan aux portes de la Russie ont fortement irrité Moscou. Les tensions, aux relents de guerre froide, ont culminé avec la guerre russo-géorgienne en août 2008.