Après un rapprochement pour le moins inattendu avec Washington, le leader libyen défraie à nouveau la chronique à l'occasion de son voyage à Moscou, où il compte proposer à la Russie d'ouvrir une base navale, probablement à Benghazi. Apparemment déçu des offres américaines, en dépit de tous ses gestes de bonne volonté, le colonel Mouammar Kadhafi se retourne à nouveau vers Moscou, à l'occasion de sa visite officielle. De retour en Russie vingt-trois ans après sa dernière visite dans ce pays, le chef de l'Etat libyen va proposer à la Russie d'accueillir une base militaire russe sur le territoire libyen, a affirmé vendredi le quotidien russe Kommersant. C'est ce qu'a révélé au journal moscovite une source libyenne liée à la préparation de la visite de Kadhafi. “La Libye est prête à héberger une base militaire navale russe”, a-t-elle affirmé, en précisant qu'une telle base pourrait être installée dans le port libyen de Benghazi. Selon le quotidien russe : “La présence militaire russe sera une garantie de non-agression contre la Libye de la part des Etats-Unis qui ne se pressent pas d'étreindre le colonel Kadhafi, en dépit de plusieurs gestes de réconciliation.” Cette proposition va sans aucun doute atténuer l'ire des dirigeants russes, déçus jusque-là par les agissements de Tripoli, qui ne respectait pas ses précédents engagements avec Moscou, ajoute la même source. On est loin du temps où la Libye était un important partenaire de l'URSS et un bon client pour les armes soviétiques. Il faut dire que le début de la coopération militaire russo-libyenne remonte à l'arrivée au pouvoir de Mouammar Kadhafi en septembre 1969, à la suite d'un putsch qui renversa la monarchie représentée par le roi Idris.Les relations entre Tripoli et Moscou se sont réchauffées après la visite en avril en Libye de Vladimir Poutine, alors président de la Russie. L'autre signe de rapprochement entre les deux parties est l'escale pour ravitaillement, effectuée le 11 octobre dernier dans la capitale libyenne, de navires de guerre russes en route vers le Venezuela pour participer à des exercices au cours de ce mois de novembre. Par ailleurs, la Libye avait obtenu en avril l'effacement de sa dette envers l'ancienne URSS, qui se monte à 4,5 milliards de dollars, en échange d'importants contrats avec des entreprises russes. Poursuivant dans ce sens, Kadhafi, qui n'a pas acheté un seul char ou avion russe en dépit de toutes ses promesses, s'est engagé cette fois-ci à acheter des armes russes. a manifesté de l'intérêt pour les systèmes de missile sol-air S-300 et TOR-M1, des chasseurs Mig-29 et Su-30 et des chars de combat T-90. Les contrats de ventes d'armes qui seront évoqués lors de cette visite pourraient dépasser 2 milliards de dollars (1,5 milliard d'euros), a indiqué vendredi une source au complexe militaro-industriel russe, citée par l'agence Interfax. Au cours des entretiens prévus aujourd'hui, le président russe Medvedev et Kadhafi discuteront probablement de “l'énergie nucléaire pacifique”, a ajouté cette source au Kremlin, confirmant les informations selon lesquelles Moscou et Tripoli négocient la construction d'une centrale nucléaire dans ce pays d'Afrique du Nord. Merzak T.