La discussion sur le respect des quotas n'exclut pas une nouvelle réduction de la production l Depuis la réunion du mois de septembre, les pays de l'Opep ont réduit la production d'environ 3,45 millions de barils par jour. La réunion de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) qui se tient aujourd'hui à Vienne devrait d'abord être consacrée au respect des réductions décidées à la fin de l'année 2008. C'est ce qui ressort des différentes déclarations des ministres de l'Energie des pays membres, à la veille de cette importante rencontre. Mais ceci n'exclut pas pour autant une nouvelle décision de réduction des quotas de production.La déclaration du ministre saoudien, Ali Nouaimi, à son arrivée hier Vienne, résume le sentiment qui prévaut au sein de l'OPEP. Questionné par les journalistes, celui-ci a indiqué que le marché n'était pas encore équilibré et que la demande mondiale en 2009 sera nettement inférieure à celle de 2008. Ce commentaire laisse sous-entendre que de nouvelles réductions seront nécessaires pour assurer l'équilibre. Sur un autre plan, le ministre saoudien a estimé que le respect des quotas est « très bon », ajoutant : « Nous voulons voir un niveau de respect aussi élevé que possible. Actuellement, il est supérieur à 80%, il pourrait être meilleur. » Ces commentaires indiquent déjà la tournure que prendront les débats durant la réunion. Il s'agira, pour l'OPEP, de faire d'abord le point sur les réductions afin d'obtenir un meilleur engagement pour les 20% restants à prélever du marché pour pouvoir discuter d'une autre réduction et de son ampleur. Si l'on consulte les statistiques du secrétariat général de l'OPEP, l'effort des réductions est inégalement réparti entre les pays membres. Alors que l'Arabie Saoudite, qui est le premier producteur, a pratiquement réduit sa production d'environ 1,6 million de barils par jour depuis le quatrième trimestre, l'Iran (deuxième producteur) n'a réduit sa production que de 300 000 barils par jour. L'Arabie Saoudite pourrait exiger que l'effort soit équitablement réparti avant de donner son accord pour une nouvelle réduction. Selon les statistiques de l'OPEP, quatre pays ont un retard net dans la réduction supérieur à 100 000 barils par jour. L'Iran vient en première position et doit encore réduire sa production de 279 000 barils/jour pour être en conformité avec les quotas. L'Angola est deuxième avec encore 219 000 barils/jour de plus sur son quota. Le troisième grand retardataire est le Venezuela avec un surplus de production de 134 000 barils par jour ; le Nigeria vient en quatrième position avec 116 000 barils/jour. Un deuxième groupe est constitué de trois pays qui ont également un surplus situé entre 50 000 et 100 000 barils/jour. Il s'agit de l'Algérie (+86 000 b/j), la Libye (+72 000 b/j) et l'Equateur (53 000 b/j). Le troisième groupe de pays qui ont un surplus de production situé entre 50 000 b/j et 10 000 b/j est constitué des Emirats arabes unis (+ 25 000 b/j), du Koweït (+10 000 b/j) et du Qatar (+10 000 b/j). par contre, l'Arabie Saoudite a réduit très fortement sa production et produit en dessous de son quota (-129 000 b/j). Depuis la réunion du mois de septembre 2008, les pays de l'OPEP ont réduit leur production d'environ 3,45 millions de barils par jour. Pour atteindre les 100%, les pays de l'OPEP doivent encore réduire leur production d'environ 800 000 barils/jour. Pour le ministre du Pétrole qatari, Abdellah Al Attiya, qui s'exprimait hier à Vienne, « un respect des quotas représenterait une baisse indirecte ». Le ministre a aussi clairement exprimé sa position : « Je ne vais pas proposer une nouvelle baisse des quotas de production avant d'avoir vérifié le degré de respect des engagements précédents. » Les statistiques de l'OPEP ont été arrêtées au mois de février. Entre-temps, d'autres réductions ont pu être réalisées depuis début mars. Sur un plafond de production de 24,845 millions de barils par jour – Irak exclu – les pays de l'OPEP ont produit, le mois dernier, 25,715 mbj. A la fin février, le cabinet Petrologistics annonçait que l'OPEP respectait à 89% ses engagements de réduction. Oil Movement, un autre cabinet de surveillance du marché pétrolier, constatait que le mouvement de réduction se poursuivait. Si de nouvelles estimations sont délivrées lors de la réunion d'aujourd'hui, une réduction devrait être discutée. La baisse des estimations de la demande mondiale en pétrole pour 2009 milite pour une nouvelle réduction. Dans son dernier rapport mensuel, l'OPEP a revu à la baisse les prévisions de la demande mondiale en pétrole pour 2009. La baisse serait d'un million de barils/jour, contre une estimation de baisse de 600 000 barils par jour en février. De plus, la baisse de la demande au deuxième trimestre, qui marque la fin de l'hiver, est un autre facteur qui milite en faveur d'une nouvelle réduction. A son arrivée à Vienne, le ministre algérien, Chakib Khelil, a été plus direct en déclarant qu'il allait proposer une baisse de la production. Ce qui est sûr, c'est que même si l'OPEP consacre la réunion d'aujourd'hui uniquement au respect des quotas, elle sera amenée à discuter une nouvelle baisse dans très peu de temps, à l'occasion d'une réunion extraordinaire.