Nous demandons simplement aux citoyens algériens résidant en France de participer au vote, d'exercer leur droit civique. Votez pour qui vous voulez, mais votez. Paris. De notre bureau En d'autres termes, nous disons à nos compatriotes que l'administration consulaire a pris toutes les dispositions pour qu'ils puissent exercer leur droit civique dans des conditions je dirais tout simplement normales. Il (leur) appartient à (eux) d'exercer ce droit en toute liberté. C'est-à-dire que (leur) choix relève uniquement de (leur) conscience et c'est un choix qu'(ils feront) sur la base des éléments qu'(ils auront) recueillis dans le cadre de la campagne électorale. » Le véritable enjeu de l'élection présidentielle du 9 avril, tant en Algérie qu'à l'étranger – et particulièrement en France avec 776 218 électeurs pour l'ensemble des 18 circonscriptions consulaires – est la participation électorale. A la précédente élection présidentielle, la participation de la communauté algérienne en France avait été de 33% ; elle est descendue à 13% ou 14% aux dernières élections législatives. Cette participation, la neutralité de l'administration consulaire et la transparence du scrutin se veulent les messages que l'ambassadeur, Missoum Sbih, a tenu à transmettre aux électeurs algériens de France, à la faveur d'une rencontre avec des représentants de la presse algérienne, vendredi après-midi. Cette rencontre avait aussi pour objet un certain nombre d'annonces. « J'ai tenu à réaffirmer, dans toutes mes réunions au niveau des circonscriptions consulaires, la neutralité de l'Etat, affirmée dans une instruction du chef de l'Etat », a-t-il indiqué. Et d'affirmer qu'il a examiné avec les consuls généraux et les consuls comment cette « neutralité pouvait se décliner de manière à ce qu'elle puisse s'exprimer concrètement à travers toutes les étapes du processus électoral ». Dans un long exposé, l'ambassadeur a détaillé les « trois volets de sa mission » : la coordination, l'information et la sensibilisation. Le volet coordination a trouvé sa source dans la réunion des consuls généraux et des consuls tenue au siège de l'ambassade le 2 février dernier, au cours de laquelle « nous avons successivement examiné les modalités selon lesquelles les instructions de l'administration centrale et les textes législatifs réglementaires devaient être mis en œuvre d'une manière coordonnée », a expliqué Missoum Sbih. Le deuxième point à l'ordre du jour de cette réunion à Paris visait les conditions dans lesquelles les consulats généraux et les consulats « devaient prendre en charge la nécessité de favoriser dans les meilleures conditions possibles la participation de la communauté algérienne en France ». Et, enfin, ont été examinées les modalités selon lesquelles l'ambassade, de son côté, les consulats généraux et les consulats, de l'autre, devaient entrer en contact avec les administrations françaises au niveau de Paris et les administrations françaises au niveau local, a ajouté l'ambassadeur. « J'ai attiré l'attention des consuls généraux et des consuls sur la présence des représentants des partis et des observateurs internationaux. J'ai dit qu'il ne fallait surtout pas donner le sentiment aux représentants des partis et en particulier aux observateurs internationaux que leur présence serait pour eux une contrainte, mais plus exactement une contribution à la transparence du scrutin que nous devons, nous, pour notre part, assumer et garantir parce que c'est dans l'intérêt de tout le monde que l'on sache comment les opérations se déroulent et que nous donnions aux citoyens le sentiment que leur volonté est respectée. » Associations et personnalités sollicitées Les consuls généraux et consuls devront réunir les mouvements associatifs (lesquels ?) et les représentants des candidats avant le déroulement du scrutin et même avant l'ouverture de la campagne électorale pour les « informer des dispositions pratiques que chaque consulat devrait prendre pour assurer une libre expression des citoyens ». Concernant le transport des électeurs résidant loin des centres de vote, les consuls ont la possibilité de le faciliter, a indiqué l'ambassadeur. « J'ai suggéré aux consuls généraux et aux consuls de manier cette possibilité avec beaucoup de doigté car, à la lumière des expériences passées, il peut y avoir des réserves de la part de certains candidats. Peut- être que dans certains esprits, le transport des électeurs peut s'assimiler à une opération de ramassage qui pourrait heurter les convictions de certains représentants des candidats. Cette offre pourrait être retirée s'il y a des réserves de la part des représentants de candidats. » En matière d'information, les consuls ont été invités à envoyer des correspondances personnalisées à tous les citoyens, contenant les dispositions pratiques qui ont été prises ainsi que la liste des candidats. Le mouvement associatif et un certain nombre de personnalités locales ont été sollicités pour « porter l'information », a souligné l'ambassadeur. « Le troisième volet de ma mission a peut-être un caractère un peu plus délicat parce qu'il fallait l'exprimer d'une manière très nuancée : c'est de sensibiliser les électeurs algériens sur l'importance du scrutin et sur la nature des enjeux de cette élection présidentielle. » Et de faire la comparaison avec les élections présidentielles qui se sont déroulées en France et aux Etats-Unis auxquelles, « conscients des enjeux », les électeurs des deux pays ont participé massivement. « J'ai cité ces exemples français et américain et fait un petit rappel de la situation que nous avons connue pour bien souligner à nos compatriotes ce que peut représenter une élection présidentielle dans le contexte algérien. » Celle-ci a des « enjeux nationaux », mais « également une dimension internationale qui amènera le président de la République à réaffirmer sa position sur la Méditerranée, sur les grands problèmes internationaux », et il y a aussi pour la communauté algérienne en France « une dimension bilatérale qu'il ne faut pas négliger ». « Les partis sont libres de présenter des candidats ou pas » Alors qu'il lui était demandé s'il ne faisait pas la publicité du bilan du président-candidat, l'ambassadeur s'est défendu de « mélanger les choses ». « Je suis représentant de l'Etat, je dois concrètement sur le terrain un certain nombre de principes et de règles qui ont été rappelés au plus haut niveau. Et cela n'est pas propre à l'Algérie. » Et il cite une note du directeur des libertés au ministère des Affaires étrangères français donnant des instructions à tous les ambassadeurs et à tous les consuls pour sensibiliser les Français à l'étranger à s'inscrire sur les listes électorales. « Quand je dis que des choses ont changé, ce n'est pas une manière de mettre en valeur le bilan de qui que ce soit. En tant que représentant de l'Etat, je peux parler du bilan du chef de l'Etat, mais dans un autre contexte. » N'avez-vous pas le sentiment que les candidats ne partent pas égaux devant leurs électeurs, qu'ils ne bénéficient pas de la même notoriété ni des mêmes moyens de l'Etat ? « C'est un grand débat, il n'est pas propre à l'Algérie ; on retrouve les termes de ce débat dans n'importe quel pays. Dans le cadre de mes responsabilités, j'ai dit aux consuls généraux et aux consuls, devant tous leurs collaborateurs, que l'Etat devait affirmer sa neutralité et une objectivité irréprochable dans toutes les opérations du déroulement du vote. C'est une situation qui peut être interprétée, c'est tout. Les instructions que nous avons données ne souffrent pas la moindre ambiguïté. » Sur la participation au scrutin, « il appartient aux partis politiques, aux candidats de développer d'autres points de conviction ». Autre question : « Ne regrettez-vous pas l'absence de l'opposition ? » « Les partis sont libres de présenter des candidats ou pas, ils prennent leurs responsabilités. Je n'ai pas à apporter d'appréciation », a rétorqué l'ambassadeur. Il est à préciser que la rencontre qu'il devait tenir avec la presse algérienne et étrangère le 17 mars a été annulée pour des raisons de calendrier, a indiqué l'ambassadeur. La campagne électorale débutant le 19 mars, il est tenu à une obligation de réserve à compter de cette date et jusqu'à la proclamation des résultats du vote. Sur la question de l'octroi de visas aux journalistes étrangers, « il n'y a aucun empêchement » : une nouvelle procédure a été mise en place, « qui allonge un peu les circuits. C'est tout. Pour ma part, je souhaite qu'il n'y ait aucune restriction », a affirmé Missoum Sbih.