Pathologie silencieuse jusqu'à un stade très avancé, l'insuffisance rénale chronique (IRC) touche près de 13 000 personnes en Algérie. 75% des malades sont actuellement traités par dialyse, les autres par greffe rénale. Ces statistiques ont été communiquées, lors de la journée d'enseignement post-universitaire sur la prise en charge du transplanté rénal, organisée le 15 mars dernier au CHU de Tizi Ouzou. Selon le Pr Rayane du CHU Parnet, si depuis 30 ans, des progrès considérables ont été réalisées dans le traitement de l'insuffisance rénale, elle reste une maladie insidieuse et méconnue du grand public. L'incidence de l'IRC reste méconnue explique ce praticien à cause de l'absence d'études épidémiologiques fiables et de l'inexistence d'un registre national de l'IRC. « On l'estime comparativement aux pays ayant les mêmes caractéristiques socioéconomiques entre 50 et 100 nouveaux cas. La prévalence est de 460 par million d'habitants (celle-ci a doublé en 4 ans) ». Pour le conférencier, cette prévalence est sous estimée, car elle ne comptabilise que le nombre de patients traités et ignore ceux qui n'arrivent pas aux structures sanitaires, et qui décèdent faute de prise en charge (non accès aux soins). La fréquence de cette maladie, son augmentation, les contraintes quotidiennes de la dialyse et l'inégalité d'accès à la greffe exigent le lancement d'un programme d'action pour la prise en charge de cette maladie, a plaidé ce praticien. L'exposé du Pr Rayane, fait ressortir que l'Algérie consacre 2, 25% du budget de la santé à la prise en charge de l'insuffisance rénale chronique terminale. Rappelant les efforts consentis dans cette spécialité, il a indiqué : « La néphrologie a connu en 30 ans un essor important tant dans le domaine du traitement de l'insuffisance rénale chronique terminale que celui des investigations précoces des maladies rénales. » Le nombre de centres d'hémodialyse, est de 230, traitant près de 13 000 patients. Suffisant ? « Le taux national de postes d'hémodialyse est de 85 par million d'habitants, avec une inégale répartition entre le nord et le sud (90 % du parc est situé au nord) », a noté ce néphrologue. Sur un autre plan, il révèlera que 495 transplantions rénales à partir de donneurs vivants apparentés ont été réalisées en Algérie et 889 patients vivent avec un greffon fonctionnel. Qu'en est-il des possibilités de prélèvements sur cadavre ? « Malgré des dispositions législatives très favorables (loi n° 85-05 du 16 février 1985 et n° 90-17 du 13 juillet 1990), ces possibilités restent limitées et dépendent beaucoup plus d'une mauvaise organisation que des problèmes éthiques et religieux liées au don d'organes »