Cité U ? Ces ensembles de bâtisses où résident des milliers d'étudiants, marginalisés à cause d'un vécu intenable. Les résidences U se ressemblent dans le fond et dans la forme. Il suffit d'en visiter une seule pour se rendre compte à quel point la situation est lamentable. Celle que l'on a visitée offre, à l'entrée, une vue flatteuse : des espaces verts, des arbres d'ornement bien entretenus, des plaques signalant l'emplacement des pavillons. Tout ce qu'il faut pour accueillir (ou tromper) un visiteur non averti. La première impression indique que les pavillons sont bien tenus. Ce n'est pas l'avis des étudiants qui y résident. Pour eux, c'est le cauchemar au quotidien. Les chambres, qui sont normalement un lieu de repos et de confort, où doit régner un climat serein, condition nécessaire au travail intellectuel, sont dépourvues des commodités les plus élémentaires. Destinées à l'origine pour trois à quatre personnes, elles sont occupées par six, ce qui engendre de la promiscuité, source de tous les maux. Pis, le chauffage central ne fonctionne plus. Les résidents n'arrivent pas à comprendre l'utilité de cette «armada» de tuyaux qui traversent leurs chambres. Des accidents se sont produits à plusieurs reprises à cause de l'explosion de ces fameuses petites bouteilles de gaz, occasionnant blessés et morts. A l'image de ce qui s'est passé à la cité d'El Alia en 2003, où des étudiantes ont péri. Dernièrement, des blessés ont été dénombrés aux résidences d'Hydra (ex-ITFC) et à Ouled Fayet à Alger. Le tort des étudiants était d'essayer de trouver un peu de chaleur. Du bricolage qui peut être dangereux. En demandant à un étudiant de parler d'hygiène, il a préféré que nous constations de visu l'état des toilettes, mais de nuit. Ici la puanteur donne la nausée, l'éclairage est inexistant. Tant mieux puisque si lumière y avait, on risque de…grandes surprises. Cette situation est due aux comportements de certains étudiants qui ne respectent pas les règles d'hygiène. Les douches sont dépourvues d'eau chaude et de portes. Les œuvres universitaires ne se limitent pas qu'à l'hébergement, il y a également la restauration. Là, on ne sait pas si on doit parler d'art ou de manière. Les étudiants considèrent la cuisine des cités U comme une «boite noire», où l'on peut tout trouver. Les règles d'hygiène : tabac à chiquer, sac-poubelle en guise de blouse. La nourriture est appelée par les résidents «OMNI» (objet mangeable non identifié). Ce n'est pas fini. Dans la cuisine, on peut tout trouver : mégot, boue. Le pain, qui jonche le sol, est ramassé puis servi aux résidents. Les femmes de ménage n'hésitent pas, parfois, à utiliser les serpillières et les frottoirs pour nettoyer les tables du resto. Après chaque nettoyage du sol, elles utilisent les mêmes moyens afin de dégager les tables de leur saleté ! Malgré cela, il faut bien attendre pour atteindre son plat pour manger. D'abord, il faut passer par une queue interminable qui avance à la vitesse «petit V»… elle dure plus d'une heure durant laquelle on assiste à des comportements violents qui dégénèrent en véritable «guerre» due à la nervosité de l'attente. Et en cas de blessure, on doit transférer les étudiants à l'infirmerie. Là, on doit chercher de nuit, parfois même de jour, le personnel chargé des soins. Ici, l'absentéisme est une règle. Même s'ils sont présents, cela peut ne servir à rien, faute de médicaments. Où est passé le budget de l'Etat consacré aux œuvres universitaires ? Si le résident attrape une grippe, on lui conseille d'ingurgiter des comprimés de paracétamol ou de prendre des… «oranges».