Au moment où les Algériens se préparent à célébrer l'Aïd El Adha, le cargo Ghar Djebilet, appartenant à la Compagnie nationale de navigation (Cnan), amarré à la jetée Mustapha (quai de relâche) à quelques centaines de mètres du port d'Alger, a failli se retrouver sous l'eau. « Heureusement que nous avons renforcé les amarres du navire, sinon il aurait subi le même sort que le Batna », lâche un employé du service des amarres précisant que Ghar Djebilet « traîne depuis plus d'une année entre la jetée et la rade ». D'après l'officier de régulation du trafic au port d'Alger, l'incident a eu lieu dimanche 16 janvier. En effet, le navire, vide de tout chargement et en difficulté, a chaviré à « tribord (partie droite d'un navire quand on regarde vers l'avant) de 25 à 30° ». « Un membre de l'équipage a alerté la capitainerie faisant état d'un balancement de l'appareil sur le côté. Une équipe de chefs mécaniciens appuyée par 5 remorqueurs a été dépêchée sur place pour essayer de maintenir en équilibre le navire qui a tangué », précise-t-il en assurant que le navire a pu être redressé à hauteur de 10 degrés. Selon lui, le cargo aurait tangué suite à une panne d'énergie ayant entraîné une défaillance au niveau du système hydraulique assurant l'équilibre du bateau. Contactée, l'assistante du chargé de la communication au niveau de la CNAN affirmera que l'incident est dû à une « mauvaise communication au niveau des ballasts » ce qui a engendré, selon elle, une petite gîte du navire. Interrogée sur les causes de cet incident, notre interlocutrice affirmera que les raisons n'ont pu être déterminées pour l'instant et qu'il faudrait « une petite enquête » pour arriver à situer les responsabilités. Même son de cloche du côté du directeur de l'armement de la CNAN, M. Khelilifi. « Les raisons de cet incident peuvent être soit techniques soit humaines. C'est un incident qui peut arriver à n'importe quel moment », indique-t-il. Le cargo, ajoute notre interlocuteur, à l'arrêt depuis plusieurs mois, est déjà vendu. « Nous attendons que son acheteur se présente pour le reprendre », dit-il. Dans un autre chapitre, des employés du service amarrage que nous avons rencontrés à la capitainerie du port d'Alger ont soulevé différents problèmes, principalement ceux liés à la sécurité, au manque d'effectifs et aux salaires : « Imaginez qu'au niveau de tout le port d'Alger, du quai numéro 5 jusqu'au quai numéro 35, il n'y a que six armateurs et trois canots. Nous avons certes quatre équipes mais nous travaillons 24 heures sans relâche. Et si, par malheur, un incident se déclarait de l'autre côté du port, dans un autre quai, nous serions dans l'obligation de nous déplacer tous les six vers ce lieu », raconte l'un d'eux. Nos interlocuteurs précisent que le nombre des armateurs et celui des canots a diminué de moitié par rapport aux années précédentes : « Nous avons interpellé la direction générale pour des recrutements, mais nous n'avons eu aucune réponse. » Pour rappel, le Batna, un autre cargo de la Cnan a échoué, au port d'Alger, la veille des fêtes de l'Aïd El Fitr avec à son bord tous les membres de son équipage, c'est-à-dire 16 personnes et 4 disparus. Ce céréalier a été emporté par une violente tempête qui lui a fait rompre ses amarres avant d'échouer sur les enrochements de la jetée Kheireddine. L'enquête diligentée par la Gendarmerie nationale a conclu à une défaillance humaine et « non-assistance à personnes en danger ». A noter enfin que les demandes des photographes de presse de se rapprocher davantage du navire ont reçu un niet de la part des responsables au port d'Alger.