Quatorze randonneurs ont failli perdre la vie, le 24 novembre dernier, après s'est perdus dans les montagnes des Babors, dans la wilaya de Béjaïa. Ils ont alors passé la nuit à la belle étoile sous des températures négatives et sous une pluie battante sans moyens de survie. Outre leur souffrance, qu'ils ont réussi à surmonter, ils ne cachent pas leur indignation au lendemain de leur retour chez les leurs, sains et saufs. Madjid Taziboua, randonneur expérimenté et médecin de son état, témoigne : «Nous dénonçons la récupération que tentent de faire les autorités locales, les services de sécurité et les responsables de la Protection civile. Personne n'est venu à notre secours durant cette nuit qui a failli tourner à la tragédie. On a informé la Protection civile de notre mésaventure en haute montagne, mais au lieu de nous venir en aide rapidement, ils ont transmis l'information que des chaînes de télévision ont diffusée en boucle. La vie de quatorze personnes vaut bien la mobilisation d'un hélicoptère pour nous jeter des vivres et des couvertures, surtout qu'il y avait parmi nous des malades chroniques. Ils ne l'ont pas fait.» Le Dr Taziboua ajoutera que le groupe a rebroussé chemin au lever du jour et a rencontré des éléments de la Protection civile à 11h30 qui sont montés à pied. Cette randonnée a été organisée par l'association de wilaya de tourisme et de la culture Les randonneurs des Babors Béjaïa. Ce groupe d'amoureux de la montagne était au début composé d'une vingtaine d'éléments et le guide était contraint de raccompagner quelques personnes prises de malaise. C'est à ce moment que les quatorze malheureux randonneurs ont perdu la trace de leur guide et se sont perdus dans ces montagnes situées à 1630 m d'altitude et couvertes d'un épais brouillard, témoigne le médecin. Le groupe, équipé de GPS et de torches frontales, a démarré du village Taderguint (commune de Derguina, Béjaïa) et devait rallier le village d'Aït Laâziz à Kheratta, mais suite à cet incident, ils sont restés au niveau d'Adrar Amellal. Notre interlocuteur ajoute : «Sur ce site, j'ai conseillé au reste du groupe de rester sur place, car devant nous il y avait des canyons et beaucoup de falaises et on ne pouvait pas faire demi-tour parce qu'on a marché 30 km. Durant cette nuit glaciale, on a réussi à allumer un feu et comme nourriture, on a mangé de l'arbouse.» Cette randonnée qui aurait pu être tragique interpelle les autorités pour apporter secours aux randonneurs, surtout qu'une association dédiée à cette activité active à Béjaïa. Du côté des autorités justement, on exige des autorisations pour cette activité. Dr Taziboua affirme : «Je n'ai pas besoin d'autorisation pour explorer notre beau pays. Et ce sont les randonneurs qui ont brisé le mur de la peur imposé par le terrorisme. Et rien que pour cela, nous méritons l'appui et le soutien des autorités.»