Une idée qui remonte loin. Un sentiment d'ingratitude manifesté par de nombreux citoyens à l'égard de leurs parents, jetés à la rue ou à la maison de retraite qui sera leur dernière demeure. Les débuts difficiles, sans local ni subvention, ne décourageront pas une équipe de jeunes universitaires et étudiants dévoués. «L'association agréée officiellement le 24 juillet 2001 a réuni durant des années des bénévoles sérieux partageant sans arrière-pensées les mêmes idéaux et animés d'une volonté de mener une véritable action humanitaire en direction des personnes âgées vivant un état d'esseulement et souvent des privations affectives dans les maisons de retraite», nous diront Seloua Boumalek et Imène Zitouni, respectivement présidente et vice-présidente de l'association Edhamir. Présents à toutes les circonstances et souvent en dehors des célébrations, les membres de l'association ont gagné la sympathie des résidents de la maison pour vieillards notamment durant la période difficile où l'établissement était situé dans la commune de Ben Badis. Un sinistre centre où les personnes âgées étaient hébergées dans des conditions précaires et souvent indignes. Le site comparé d'ailleurs à la prison d'Alcatraz par l'ex-ministre de la Solidarité nationale sera finalement fermé en 2004. Le déplacement des résidents vers le nouvel établissement Abdelkader Boukhroufa dans la commune de Hamma Bouziane apportera un réel soulagement à ses locataires qui demeurent néanmoins privés d'une présence humaine réconfortante. «Nombreux sont les parents qui vivent une situation psychologique critique, car la plupart d'entre eux ont été totalement abandonnés par leurs enfants et restent toujours dans l'attente d'une visite inespérée surtout durant les fêtes religieuses.» Des personnes âgées qui décèdent dans l'oubli, alors que d'autres frôlant des situations de dépression demeurent le lot quotidien de la vie d'un centre de retraite où la prise en charge matérielle et biologique ne suffirait plus pour faire oublier les ingratitudes. L'association Edhamir qui a souvent interpellé la conscience des familles de ces personnes âgées tentera tant bien que mal de renouer le lien familial avec la collaboration de la direction de l'action sociale. «Ces gens ont besoin d'écoute et de réconfort moral. Un travail que nous essayons d'accomplir en toute fidélité», affirme Seloua Boumalek qui évoque des cas difficiles à décrire de vieilles femmes déposées devant le centre sans papiers ni information pour les identifier. Un acte inqualifiable mais qui demeure toujours impuni, au moment où l'abandon pour différentes raisons de l'enfant par ses parents est sévèrement puni par la loi. Ce sera, d'ailleurs, la préoccupation majeure de l'association qui se prépare déjà à organiser une rencontre d'information et de sensibilisation sur la condition humaine des personnes âgées abandonnées par leurs enfants dans les maisons de retraite et les mesures à prendre pour une protection sociale et surtout légale d'une frange jusque-là ignorée. Des recommandations à porter aux autorités compétentes devront sanctionner une rencontre sur le troisième age, prévue durant la journée nationale des personnes âgées, célébrée le 27 avril prochain.