Connue pour être un important gisement d'électeurs, la commune d'El Eulma, qui compte parmi les localités les plus touchées par la paupérisation, ne semble pas avoir profité des bienfaits de l'Indépendance. Ses habitants estiment que leur cité est l'incarnation de la misère et de la désolation ; les ressources dont elle dispose ne suffisent pas pour prendre en charge les besoins de la population. Les déficits, importants, touchent pratiquement l'ensemble des secteurs, notamment l'habitat, les routes, l'hydraulique... Déçus, certains habitants déclarent : « Qu'on ne fasse surtout pas appel à nous pour voter ; personne ne s'inquiète de notre sort des années, et tout à coup, à la veille de scrutins on nous réserve un traitement spécial. Nous avons tous compris que ce n'est que de l'hypocrisie politique. Allez chercher des électeurs ailleurs, parmi ceux qui de tout temps sont les premiers à profiter de l'argent de l'Etat. » Durant les années de vaches maigres, l'investissement et l'équipement publics n'ont pas, à l'évidence, bénéficié de moyens financiers conséquents à même de répondre aux attentes. L'effort consenti par les élus qui se sont succédé à la tête de la commune n'a pas abouti, notamment pour encourager l'investissement privé susceptible de dynamiser un tant soit peu le développement. Il faut savoir que les investisseurs potentiels appréhendent l'isolement et l'accès difficile à la commune, au vu de l'état déplorable des routes. Au même titre que les localités rurales, El Eulma pâtit du problème d'alimentation en énergie électrique, alors que d'autre part, le taux d'électrification dans la wilaya de Annaba dépasse de loin la moyenne nationale. L'éclairage public, comme l'entretien des établissements scolaires, sont confrontés à la problématique de la maintenance. Par ailleurs, les jeunes, en l'absence d'opportunités de travail, s'investissent dans le marché parallèle et la vente à la sauvette. Les maisons de jeunes qui existent sont sous-équipées et ne peuvent par conséquent répondre aux besoins de la frange juvénile. Certains d'entre ces jeunes témoignent : « Nous n'avons pas d'autre alternative, rester sans activité et céder à l'oisiveté ne feront que ronger notre potentiel jeunesse, il vaut mieux travailler dans l'informel que d'aller voler les biens d'autrui, et si l'Etat s'inquiète, qu'il nous offre du travail. » Dans un autre registre, le problème crucial de l'acheminement de l'eau potable, s'étant toujours posé avec acuité, a mobilisé l'effort local, qui s'oriente vers une solution de fond. En matière d'habitat précaire, la commune ne fait pas exception et n'est pas épargnée par la prolifération des bidonvilles. La quote-part de la localité dans les programmes de logement, notamment ruraux, demeure insuffisante quant à l'éradication des habitations sommaires, tout comme d'ailleurs l'investissement public injecté au titre des différents programmes de développement, à l'effet de rattraper les retards.