La cuisine, c'est bon. L'alimentation, dès qu'elle sort de la survivance - se nourrir pour ne pas mourir - devient une façon de vivre, un aspect certain de la civilisation. Bien manger, c'est bien vivre, la sensualité étant autant au fond de l'amour rapproché que d'un plat bien cuisiné. Mais on se trompe peut-être, la cuisine peut être une affaire de technique, « l'art du feu », comme l'ont nommée de grands cuisiniers, c'est-à-dire ne connaître que les températures de cuisson, ses modes et la réaction au feu des aliments. On veut bien admettre que la campagne 2009 du candidat Bouteflika a quelque chose de moderne, de bon comme une bonne cuisine aux bons ingrédients. Des J5 qui circulent en ville en diffusant du raï, un genre qui va être pris à parti par la morale dès le lendemain de l'élection, jusqu'aux affiches à fond bleu, parfumées d'intelligence artificielle, et jusqu'aux barques qui traînent dans les mers avec des affiches du président. Bonnes idées de dîners pour affamés mais c'est pourtant le plat qui n'est pas bon, qui a un goût de plastique frelaté, du déjà mangé, sans goût ni finesse. Du caoutchouc de synthèse, du bœuf aux hormones nourri en laboratoire. Car au fond, que vend-on à cette immense table ronde où tout le monde fait semblant d'avoir faim ? Un plat connu, sans surprise. Un dîner qui n'excite aucune papille gustative, un repas du quotidien, censé rassembler la famille mais surtout autour du rite et non de la teneur. D'ailleurs, c'est du congelé, à l'image de tous ces restaurants d'Alger qui font semblant de servir du poisson méditerranéen, alors que c'est du congelé de Mauritanie. On n'a rien contre la Mauritanie, bien au contraire. On n'a rien contre les restaurants, bien au contraire, puisqu'il n'y en a pas beaucoup. Mais vendre un président qui était déjà ministre, il y a 40 ans, vraiment, ça n'a pas de goût. Quand est-ce qu'on mange vraiment ?