Le vieux projet de construction d'une chaîne de montage d'automobiles - tant souhaité par le gouvernement algérien - qui n'a pas pu se concrétiser avec les Italiens pourrait se réaliser, à moitié, avec les Sud-Coréens. Les autorités algériennes et sud-coréennes étudient actuellement, ont déclaré hier les ministres des Affaires étrangères des deux pays, la possibilité d'installer en Algérie une usine de fabrication de pièces de rechange. Cette usine sera destinée en priorité a alimenter un important complexe de montage de voitures de marque coréenne se trouvant en Slovaquie. Ce projet, en phase de maturation, outre de faire bénéficier l'Algérie d'un transfert de technologies et d'un savoir-faire, présente l'intérêt de rendre réalisable, à terme, la création en Algérie d'une usine de fabrication d'automobiles. Le projet a de grandes chances d'aboutir d'autant qu'il bénéficie d'un soutien au plus haut niveau. La prise en charge technique du dossier ne devrait pas aussi poser des problèmes dans la mesure où l'usine pourrait « emménager » dans l'ancien site prévu pour le projet mort-né Fatia ficelé avec les Italiens de Fiat. Le choix des Coréens d'installer une telle usine en Algérie semble avoir été déterminé par les conditions avantageuses offertes par le marché national aux grands investisseurs autant que par la « confiance réciproque » caractérisant les relations entre les deux pays. Les atouts avérés du secteur algérien de l'électromécanique (nécessaire à la mise en place d'une industrie automobile) ont pesé sur la décision des Coréens qui sont déjà présents dans le secteur de l'électronique. C'est donc en parfaits connaisseurs du terrain et avec une ambition plus grande que les firmes coréennes comptent s'établir en Algérie. Un pays qui a vite « adopté » la voiture coréenne depuis le début des années 1990. Une époque durant laquelle Séoul a apporté un soutien économique et politique inconditionnel à l'Algérie - alors confrontée au terrorisme et sous le coup d'un ajustement structurel des plus douloureux financièrement - au moment où des pays, pourtant réputés comme amis, se sont éclipsés. C'est sans aucun doute ce même paramètre qui a décidé, aujourd'hui, les autorités algériennes à privilégier la piste coréenne dans le secteur de l'automobile. Comme cela a été le cas pour la formation des troupes d'élite de la DGSN. L'élément de « confiance et d'excellence » caractérisant les relations algéro-coréennes, rappelé d'ailleurs par Ban Ki-Moon, ministre coréen des Affaires étrangères et du Commerce, lors de la conférence de presse conjointe donnée avec son homologue algérien, Abdelaziz Belkhadem, en marge de sa visite de trois jours en Algérie, a persuadé Séoul de mobiliser de nouveaux capitaux pour réaliser de nombreux autres grands projets en Algérie. Les Coréens envisagent ainsi investir dans la fabrication d'une centrale électrique et de marquer leur présence dans les secteurs du bâtiment, des télécoms, de la santé, de la formation et des nouvelles technologies. Le ministre algérien des Affaires étrangères, qui a présenté son homologue coréen comme « un ami de l'Algérie », a annoncé à ce propos l'octroi par Séoul de crédits préférentiels destinés, entre autres, à financer la technopole de Sidi Abdallah (Alger), une clinique spécialisée à Blida et un hôpital à Khenchela. Un don de 1 million de dollars US vient d'être également octroyé par le gouvernement sud-coréen au profit du secteur de la formation professionnelle pour la rénovation des équipements de certains centres, outre l'aide fournie après le séisme de Boumerdès. Pour promouvoir les échanges commerciaux (d'un montant actuellement de 500 millions de dollars). Abdelaziz Belkhadem et Ban Ki-Moon ont signé durant la même journée deux accords bilatéraux. L'un porte sur la suppression des visas diplomatiques entre les deux pays, et l'autre sur le transport aérien. Le second document signé, a précisé M. Belkhadem, devrait ouvrir la voie à la conclusion d'un accord « open sky » entre Alger et Séoul, analogue à celui prévu avec Washington. A signaler que Ban Ki-Moon a annoncé aussi que son pays appuiera le dossier d'adhésion de l'Algérie à l'OMC. M. Belkhadem a fait savoir que la 2e session de la commission mixte algéro-coréenne de coopération économique se réunira en avril prochain à Alger, simultanément avec la 4e session du comité des hommes d'affaires des deux pays et surtout la visite que le Président sud-coréen, Roh Moon-Hyun, envisage d'effectuer en Algérie, constitueront des opportunités supplémentaires pour approfondir les relations.