Bouteflika veut tourner la page du contentieux politique avec la Kabylie et en ouvrir une autre sous le signe de la réconciliation. « Nous avons construit l'Algérie de la dignité, impulsé une dynamique de développement dans le pays et vous êtes un peu restés à l'écart de cette Algérie-là. Nous vous avons attendus… Certes, vous étiez un peu remontés contre nous, mais il faut ouvrir une nouvelle page aujourd'hui », a invité le président candidat, lors d'un meeting animé hier à la salle Bleue de Béjaïa. Le meeting d'hier est une rencontre « historique », selon Bouteflika qui reste convaincu que l'Algérie forme une seule et indivisible. Tout le monde aura compris également que le mot vise à donner au rendez-vous la valeur d'un moment de retrouvailles avec la région. « Nous avons vécu des moments difficiles ; il est de notre devoir aujourd'hui de nous incliner devant la mémoire des victimes des événements de 2001 », a-t-il déclaré dès le début de son discours, avec une sémantique nouvelle, développée manifestement pour conforter la possibilité d'un rapport plus serein avec la Kabylie. Bouteflika n'ira cependant pas jusqu'à reconnaître la responsabilité de l'Etat dans ce qui s'est passé. Devant une assistance plus qu'acquise – car triée sur le volet – et pratiquement en transe, l'orateur sera tantôt avenant, tantôt critique, ne se privant pas de lancer quelques fléchettes à l'endroit d'un auditoire qui n'était pas dans la salle. « Vous vous considérez peut-être plus amazighs que d'autres, mais sachez que toute l'Algérie est amazighe », dira-t-il, en prévenant que si les citoyens de la région ne veulent pas de lui, ils doivent se dire qu'il est l'hôte de Yemma Gouraya et des moudjahidine. Bouteflika qui reste convaincu que la région a surtout des problèmes de développement, annoncera – en précisant que ce n'est pas là une promesse de campagne – qu'un « plan spécial » existe pour la wilaya de Béjaïa et que l'enveloppe budgétaire pour le financer est dégagée. « Patientez encore quelques jours », recommandera l'orateur qui, sans doute, pense à l'après-9 avril prochain. Sur le même élan, le candidat promet en prime que s'il est élu, le développement de la wilaya figurera en tête de ses priorités de président. « Je viendrais vous voir si je suis élu et je le ferai même si je ne le suis pas », s'est encore engagé Bouteflika comme pour répondre au reproche qui lui est fait de n'avoir jamais visité la région en tant que chef de l'Etat, exception faite lors d'un déplacement effectué pendant la campagne pour le référendum sur la réconciliation nationale. Son dernier déplacement dans la wilaya remonte en effet au 29 mars 2004, journée où il avait animé un meeting de campagne pour la présidentielle d'alors. La question du statut de la femme dans le pays, qui devait selon le programme servir d'axe central au discours d'hier, a été succinctement abordée par le candidat qui défend qu'il est question aujourd'hui de dépasser la logique de « l'aide » à la promotion de la femme pour celle des droits à lui reconnaître.